Gabegie
Chassez le naturel, il revient au galop! Les banquiers provisionnent à nouveau des cagnottes pour gratifier les traders. Un milliard d’euros pour BNP Paribas et sans doute autant sinon plus pour la Société Générale qui garde le secret sur le pactole destiné aux primes de fin d’année.
Il n’y a pas si longtemps, dans un grand mouvement de panique, on nous annonçait le péril des banques au bord de l’asphyxie et l’effondrement des marchés financiers. Il n'y a pas si longtemps non plus, on ne cessait de nous bassiner, en guise de consolation, avec l’urgence d’une « moralisation » des comportements dans ce secteur.
Le président français en particulier, Nicolas Sarkozy, avait abondamment tartiné sur ce thème, tout en s’empressant d’approvisionner les banques en argent frais. C’est pour dévérouiller et débloquer le robinet du crédit aux entreprises, se plaisait-il à répéter. Les banques l’ont bien entendu, qui commencent par gaver leurs traders, aussitôt les premières marges retrouvées.
Les défenseurs de ces pratiques dites de « rémunération de la performance » se mettent plutôt en sourdine et on les comprend. Par les temps qui courent, c’est comme parler de cordes dans la maison d’un pendu.
Plus qu’une simple polémique, la révélation de la cagnotte BNP Paribas dégage une forte odeur de scandale à l’heure des fermetures d’usines, du chômage technique et des licenciements en cascade.
Au même titre que les stock-options, les retraites-chapeaux et autres faveurs accordées aux dirigeants, ces bonus empaquetés pour les traders méritent d’être rigoureusement contrôlés et plafonnés. Cet argent pour l’argent au mépris du travail créateur de richesses est une insupportable gabegie.