Immigration: une politique européenne à courte vue
MED BusinessDays, c'est l'expression très évocatrice pour désigner l’événement qui a lieu à Marseille, ce jeudi 3 juillet. Deux jours durant, entrepreneurs, personnalités diverses du monde des affaires et représentants d’institutions provenant d’une quarantaine de pays d’Europe et de Méditerranée vont échanger sur des thèmes liés au partenariat.
Le week-end précédent, à Nice cette fois, se tenait la première Convention internationale des juristes de l’Union pour la Méditerranée. On a aussi beaucoup échangé, avec le souci d’affirmer l’importance de la « thématique juridique » dans le nouveau processus, de mettre à profit et de fédérer les nombreux réseaux existants.
Quelques jours auparavant, représentants des villes et régions de la Méditerranée confrontaient points de vue et expériences en débouchant sur une déclaration commune.
L’établissement Ubi France, tête chercheuse à l’export, organise enfin, le mardi 8 juillet, la rencontre Algérie 2008 : Banc d’essai pour les PME françaises à l’International.
Une grande effervescence en somme, à près d’une semaine du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du 13 juillet à Paris, qui devrait officialiser le lancement de l’UPM.
A première vue, le monde économique et institutionnel est bel et bien préparé à cette nouvelle dynamique. Il y a pourtant une fausse note dans ce grand concert supposé annoncer une nouvelle ère dans cette région du monde : la circulation des personnes.
Comment donc concilier tous ces beaux discours, ces volontés affichées, avec les politiques actuelles d’immigration mises en œuvre en Europe ? D’autant que Nicolas Sarkozy ne cache pas son intention de mettre à profit la présidence française pour conforter la forteresse érigée autour du vieux continent.
Négliger cette dimension du projet, lui donner un cacartère secondaire, c’est prendre le risque de faire de l’UPM une coquille vide, tant c’est là un élément déterminant pour la suite des évènements. D'ailleurs, cet aspect fait d'ores et déjà débat.
"Et pourquoi pas un Shengen-méditerranéen, un espace qui marquerait d’une manière significative le caractère spécifique des rapports entre les peuples européens et méditerranéens ?" Telle était, par exemple, la question de l’ambassadeur d’Algérie en France lors de son intervention au Forum de Paris (Unesco, le 28 mars 2008) sur l’UPM.
Une question évidemment embarrassante, mais le diplomate n’en a pas moins mille fois raison de la formuler ainsi, de façon provocante.
Economistes et démographes sont en effet unanimes : l’immigration est une nécessité pour les pays européens. Elle l’est aussi pour les pays du sud, si les migrants trouvent les conditions d’aller et venir en toute liberté, de rapatrier des ressources financières, de devenir acteur du développement dans leurs pays d’origine.
Sauf à prendre le risque d’étouffer derrière ses barrières et de voir l’Union pour la Méditerranée vite capoter, l’ Europe toute entière devra s’adapter à ces flux de populations devenus indispensables. En faire une dimension essentielle et rompre avec une politique d'immigration à courte vue.