L’Italie criminalise l'immigration et autorise des patrouilles: le Sénat approuve une loi fascisante
Le Sénat italien, chambre haute du parlement, a approuvé, le 02/07, la loi controverse qui sanctionne les immigrés clandestins par des amendes de cinq mille à dix mille euros et des peines de prison allant jusqu'à trois ans pour ceux qui hébergent des personnes sans titre de séjour.
L'ensemble législatif, qui configure le crime de l’immigration irrégulière, stipule également l'augmentation de deux à six mois du délai maximum de détention des immigrés dans des centres; l'obligation pour les fonctionnaires publics, à l'exception des médecins et des directeurs d'école, de dénoncer les immigrés qui essayent d'accéder à des services administratifs; et des nouvelles règles pour obtenir ou maintenir des titres de séjour, notamment l'augmentation de la dite taxe de 80 pour 200 euros et l'exigence d'un examen d'Italien.
Dans le domaine de la sécurité, la loi autorise les villes à organiser des patrouilles civiles pour renforcer la sécurité publique, libéralise la possession d'aérosols de défense au poivre, réintroduit le crime d'offense à l'autorité avec peine de prison allant jusqu'à trois ans et la persécution de la mendicité.
En réponse à ceux qui alertent sur le danger de résurgence de groupes d'inspiration fasciste, le ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, a allégué que, au contraire, la création de groupes de volontaires permettra d'éviter que des patrouilles non organisées ne prennent place dans les rues. Au cours de cette semaine, Maroni devait se réunir avec des responsables municipaux pour établir le cadre et les limites des «patrouilles de citoyens».
Contre les lois raciales
Entre temps, un manifeste d'intellectuels, souscrit par Andrea Camilleri. Antonio Tabucchi, Dacia Maraini, Franca Rame et Dario Fo, alerte pour autres aspects moins divulgués de cette législation qui est comparée aux lois raciales imposées par le dictateur fasciste, Benito Mussolini.
La différence par rapport au régime de 1938 est que «le sujet passif de la discrimination a été substitué; ce n’est plus le juif mais la population d'immigrés clandestins, composée de centaines de milliers de personnes, néanmoins les dispositions prévues par les lois raciales, elles, n’ont pas changées, comme par exemple l'interdiction des mariages de convenance mixtes».
Comme l’indique le texte publié par le journal espagnol, El País (01.07), cette interdiction empêche «l'exercice d'un droit fondamental comme celui du mariage sans restrictions de race ou de religion; un droit fondamental qui est retiré non seulement aux étrangers, mais aussi aux Italiens».
En outre, ajoute le manifeste, la nouvelle législation a introduit «une norme qui lèse encore plus la dignité humaine»: l'«interdiction des femmes étrangères «sans papiers» de reconnaître leurs propres fils. En conséquence de cette décision politique (…) les enfants de mères étrangères en situation irrégulière seront pour toujours des enfants de personne, ils seront séparés de leur mère et remis à l'État. Même le fascisme n’avait pas été si loin. Les lois raciales introduites en 1938 ne privaient pas les mères juives de leurs enfants, ni les obligeaient à avorter pour éviter qu’ils ne soient remis à l'État.»
Le groupe d’intellectuels de renom souligne que «ces développements de la politique et de la législation italienne, s'ils ne sont pas freinés, peuvent défigurer le visage de l'Europe et faire rétrocéder la cause des droits humains dans le monde entier». «L'Europe ne peut pas permettre qu'un de leurs pays fondateurs rétrocède à des niveaux primitifs de vie en société, contrariant les lois internationales et les principes de la sécurité juridique sur laquelle se base la construction européenne elle-même.» (…) La culture démocratique européenne doit prendre conscience de la pathologie qui vient d'Italie et se mobiliser pour empêcher qu'elle ne s'étende à l'Europe.»
Jornal Avante!, nº 1858, du 09/07/2009. Traduction du Portugais de SN