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La liberté de la presse en Algérie : un miroir aux alouettes

Offensive de charme inédite que celle d’Abdelaziz Boutéflika envers les médias, à l’occasion de la Journée Internationale de la liberté de la presse. Le chef de l’Etat Algérien n’a pas été avare de promesses sur ce thème. Elle «représente un socle solide dans notre projet démocratique», a-t-il déclaré parlant de la liberté de la presse, invitant même la profession à «ne marquer aucune hésitation à combattre les fléaux sociaux que sont la complaisance, le clientélisme, le régionalisme, la bureaucratie et la corruption». On croit rêver !

Le régime s’est jusque-là distingué par l’adoption et l’application de dispositions législatives scélérates, permettant de poursuivre les journalistes pour des délits supposés de «diffamation» à l’encontre de ploutocrates, de notables protégés, et autres malfrats confortablement nichés à l’ombre de l’Administration et des services publics.

Nul n’oubliera non plus que Bouteflika et son ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, ont rayé un titre prestigieux du paysage médiatique francophone. Le Matin a été coulé sous pression d’une machine politico-administrative diabolique et son directeur, Mohamed Benchicou, embastillé pour des raisons politiques évidentes, quels que soient par ailleurs les motifs d’inculpation avancés d’infraction à la réglementation des changes.

Enfin, dans son édition du dimanche 3 mai 2009, le quotidien El Watan publie un dossier qui donne à voir sous différents angles la chape de plomb qui pèse sur la presse Algérienne «indépendante» (par rapport au pouvoir) et les conditions, peu reluisantes, d’exercice de la profession. Entre titres aux ordres gavés d’argent publics, travail au noir ou sous-payé, et traque judiciaire permanente, il faut emprunter des chemins escarpés pour exister honorablement et dans les règles de l’art. Ce qui est le cas d’une poignée de titres seulement, arabophones et francophones, dotés d’un lectorat fidèle. 

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que nombre de journalistes Algériens se montrent plutôt sceptiques face aux promesses de Bouteflika. Ils ne sont prêts à avaler des couleuvres.

Comment ne pas les comprendre, quel crédit accorder en effet à un régime aux contours totalitaires à plus d’un titre ? Qui peut donc croire qu’un pouvoir qui monopolise les médias lourds, bâillonne l’opposition et les syndicats, caporalise les associations, instrumentalise la Justice et le Parlement, peut garantir la liberté de la presse ?

Pour vraiment y parvenir, il faut à Bouteflika démontrer qu’il peut secouer le cocotier et en faire descendre barons et clientèles. Il n’est pas sûr qu’il soit vraiment en mesure de le faire. Hors de cette perspective, la liberté de la presse en Algérie est un miroir aux alouettes.

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