L’affaire Clotilde Reiss, un tour de passe-passe des Mollahs à la diplomatie française
Derniers rebondissements à l’heure où ces lignes sont écrites : la franco-iranienne Asrah Naimian, employée à l’ambassade de France arrêtée lors des manifestations qui ont suivies l’élection présidentielle, est libérée. Aux dernières nouvelles, les autorités iraniennes avaient par ailleurs proposé une libération conditionnelle de Clotilde Reiss avec résidence à l’ambassade de France jusqu’à la fin du procès. Le dénouement est donc de plus en plus proche d’une affaire parfaitement orchestrée par les Iraniens à des fins politiques évidentes.
Les éléments étaient en effet tous trouvés pour échafauder le scénario de «l’espionnage ». Le profil de la jeune femme, Clotilde Reiss, collait à merveille à ce montage : une lectrice à l’université d’Ispahan qui maîtrise parfaitement la langue perse, en contact direct avec la société et avec l’ambassade de son pays.
Et le tour était joué pour criminaliser la présence somme toute banale d’une jeune étrangère dans les manifestations. Les mails que Clotilde Reiss a envoyé à ses amis et au directeur de l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales) sont devenus des « rapports », ses photos et ses coups de fil des supports à un travail d’information, tout autant que son feuillet précédent sur le nucléaire iranien rédigé au terme d’un stage.
Clotilde collait d’ailleurs si bien au montage concocté qu’elle n’a finalement rien démenti de ce qui lui était reproché à la barre d’un tribunal aux allures de confessionnal, dans la pure tradition de la culture islamique «révolutionnaire», pour une Justice d’un autre âge.
Un scénario évidement absurde, car la jeune Française ne manipulait pas d’informations spéciales ou confidentielles. Mais peu importe! Pour les autorités iraniennes, l’important était de faire monter la mayonnaise dans les médias français, en semant notamment la confusion à la faveur des traductions hâtives des communiqués de presse locaux, et de mettre la diplomatie française dans l’embarras. Il faut croire qu’elles y sont parvenues. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, n’a cessé de vociférer, réclamant la libération immédiate de la jeune femme. Le président de la République, Nicolas Sarkozy, en a fait son « objectif prioritaire », multipliant, dit-on, « les interventions auprès de tous ceux qui peuvent exercer une influence ».
En attendant la libération de la jeune Française, une chose au moins est sûre: cette’affaire, qui restera comme un tour de passe-passe des Mollahs à la diplomatie française, aura surtout placé au second plan le sort réservé à des centaines d’opposants, ceux qui croupiront dans les geôles et autres promis à l’échafaud, les damnés de la République islamique.