Le G8 accouche d’une souris. Il faut au monde une gouvernance qui accepte de brider le capitalisme
Grande et belle générosité que celle des pays riches (G8) qui décident de débourser 20 milliards de dollars pour venir en aide aux pays pauvres, en clôture de leur rencontre au sommet sur les décombres de la ville Italienne de l’Aquila, frappée par un violent séisme début avril 2009.
Vingt milliards... Une goutte d’eau dans un désert de détresse. En fait, un geste pour la forme au regard des chiffres qui disent le drame de la faim dans le monde. Plus d’un milliard de personnes soufrent de sous-alimentation, selon la FAO (Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture). Et les prix des produits agricoles restent globalement supérieurs de 25% à ceux de 2006.
Sous pression de la crise, la catastrophe prend une nouvelle ampleur dans les pays pauvres. Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies, tirait d’ailleurs la sonnette d’alarme à la veille du sommet du G20 d’avril dernier à Londres, s’adressant aux pays riches.
«Mon message sera qu'ils ne devraient jamais perdre de vue le fardeau et les défis des pays en développement, les pays les plus vulnérables», déclarait-il, réclamant un plan de relance de 1000 milliards de dollars. Un niveau qui pouvait être obtenu selon lui en combinant forte hausse de l’aide au développement et soutien économique direct par le biais du Fonds monétaire international.
C’est dire combien l’engagement du G8 est en réalité bien loin du compte. D’autant que les promesses d’aides publiques sont revues à la baisse, quand elles ne s’envolent pas tout simplement.
Les 20 milliards annoncés c’est aussi du tape-à-l’œil sachant que restent par ailleurs intacts tous les mécanismes spéculatifs, dont l’achat de terres fertiles par des fonds souverains et des holdings financières, dans nombre de pays pauvres.
Les pays riches sont bien gentils, mais cette sortie sur un coup de pouce aux laissés-pour-compte sert surtout à passer au second plan l’absence de résultats tangibles sur les autres thèmes sensibles du climat et de l’économie mondiale en crise.
Faute de consensus sur le réchauffement climatique, ils préfèrent s’en remettre à la conférence de Copenhague, en décembre. Après avoir réanimé les établissements financiers, ils proclament à présent de belles intentions de coopération en scrutant les premiers frémissements annonçant une reprise.
Ce dernier G8 a finalement accouché d'une souris et prouvé qu’il était largement dépassé. Son élargissement n’entraînera pas plus de résultats. Pour prétendre apporter un début de solution aux grands enjeux, il faut au monde une forme de gouvernance qui accepte de brider le capitalisme, un système devenu fou.