Le frémissement de la croissance en France : une hirondelle ne fait pas le printemps
C’est la surprise de la journée : selon les derniers chiffres communiqués par l’INSEE la croissance a progressé de 0,3% au 2ème trimestre en France. Les économistes prévoyaient en moyenne un repli de 0,3%, après -1,2% au premier trimestre. La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, s’est aussitôt publiquement réjouie de l’annonce des ces chiffres, estimant que "La France sort enfin du rouge". Diable ! Et en résumé, cela « démontre que le gouvernement a pris de bonnes mesures », s’est-elle enorgueillie.
Egalement pris de court les experts se sont empressés de trouver des explications, notamment dans le redémarrage de l’industrie de l’automobile dopée par la fameuse « prime à la casse », accompagné d’une relance des exportations et du maintien de la consommation des ménages.
Les analystes se montrent toutefois plutôt prudents. Ils évoquent, au mieux, un frémissement et se gardent bien de parler ne serait-ce que d’une amorce de sortie de crise. Sans soute la réserve s’impose-t-elle aussi sachant que l’œil supposé avisé de ces observateurs n’avait même pas vu venir cette déconfiture du système capitaliste.
Mais on peut compter sur une certaine presse, prompte à distribuer des bons points à la majorité présidentielle, pour prolonger le tapage médiatique autour de ces chiffres surprise et entretenir l’illusion d’un retour de la croissance.
Illusion en effet, car si léger mieux il y a pour l’instant c’est pour le monde de la finance et du grand patronat. Les banques qui ont très vite récupéré leurs marges retrouvent les joies de l’arrosage à coup de bonus et de primes, dans le cycle pernicieux de l’argent pour l’argent.
Le robinet du crédit n’en reste pas moins toujours fermé aux entreprises, en particulier aux plus petites d’entre elles qui licencient à tour de bras. Les fermetures d’usine se succèdent, nombre de collectifs de salariés sont gagnés par le désespoir, les agences du Pôle Emploi (ex- Anpe/Assedic) sont débordées par des vagues de chômeurs sans cesse croissantes. Le pire pourrait bien être à venir.
Le gouvernement français serait bien mal inspiré de dormir sur ses lauriers en tablant sur les effets du seul plan de relance adopté. Et de ne pas opter pour un dispositif d’envergure en faveur du pouvoir d’achat et de la consommation des ménages afin de donner une impulsion à ce frémissement s’il venait à se confirmer.
Une hirondelle ne fait pas le printemps.