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Le travail dominical en France : un marché de dupes

Quelle est donc la « face cachée de l’iceberg » dans la formule du travail dominical en France, désormais applicable dans la distribution après la validation du texte par le Conseil constitutionnel ? De prime abord, le principe tombe sous le sens. Travailler le dimanche ! Mais pourquoi pas ? Les acheteurs potentiels sont sûrement nombreux à être frustrés de ne pouvoir faire des emplettes ce jour-là. Et puis, par les temps qui courent, nombreux sont aussi les salariés qui aimeraient mettre du beurre dans les épinards en sacrifiant le sacro-saint dimanche. Vu sous cet angle, quoi donc de plus normal ?

Mais à regarder de plus près, on a vite fait de constater que les dès sont pipés. A commencer par ce fameux principe du volontariat. C’est bien connu en effet, les employés sont libres de formuler des vœux et de les réaliser à leur guise. Fadaises ! Le monde du travail ne fonctionne pas ainsi. On imagine mal des salariés refuser de travailler le dimanche. Eux ne le savent que trop: représailles, pression, harcèlement sont évidement monnaie courante et qui plus est dans le secteur de la distribution.

En réalité, le travail du dimanche, présenté comme une mesure à la pointe d'un libéralisme salvateur, fait tout simplement la partie belle au patronat, crée un nouveau rapport de force en sa faveur. La mesure fait d'abord l'affaire des chefs d'entreprise soucieux de récupérer du chiffre d'affaires et accessoierment celle des employés qui tirent le diable par la queue. C’était effectivement une promesse de Nicolas Sarkozy. Mais pas seulement.

Ce dernier réussit là un beau coup au plan idéologique. Après le bricolage à souhait du recours aux heures supplémentaires et le réaménagement de la durée hebdomadaire de travail (les 35h), les nouveaux régimes dérogatoires au repos dominical ouvrent une nouvelle brèche dans le modèle social français.

Détricoter, et au plus vite, ce modèle-là est au centre de la stratégie de la majorité présidentielle en France. Et il n’est d'ailleurs pas impossible que la prochaine cible soit tout bonnement les congés payés, à revoir à la baisse, peut-être, à titre dérogatoire… Sous prétexte de « travailler plus pour gagner plus ». Un marché de dupes qui élude en fait la question de la valorisation des rémunérations. Le patronat français peut dormir tranquille.

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