Israël se prépare à attaquer l’Iran

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ors de sa visite en Israël, Nicolas Sarkozy s’est fait menaçant à l’égard du régime iranien :  "un Iran doté de l’arme nucléaire est inacceptable pour la France " a-il asséné. Un passage de son discours applaudi fortement, comme il se doit, par les députés de la Knesset. Pour les faucons israéliens cette fermeté à l’égard de Téhéran tombait à point nommé. Elle intervenait quelques jours après qu’Israël ait organisé en Méditerranée, au large de la Grèce, des manœuvres militaires auxquelles avaient pris part plus d’une centaine d’avions de combat F-16 et F-15, des avions ravitailleurs en vol et des hélicoptères. L’Etat hébreu, qui ne s’en est  pas caché, se prépare en fait à une attaque visant la destruction des installations nucléaires iraniennes.

Cette affaire révélée par le New York Times et confirmée par le Pentagone a fait la une des médias israéliens, en particulier le Jérusalem Post. De son côté, dans un entretien au Telegraph de mardi dernier, John Bolton, ancien ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, croit savoir que cette attaque aura lieu après l’élection présidentielle américaine du 4 novembre prochain mais juste avant l’entrée en fonction du nouveau président américain en janvier 2009.

Pour Tel Aviv, qui soit-dit en passant possède une centaine d’ogives nucléaires, il ne fait aucun doute que l’Iran est en train de se doter de l’arme atomique. Il y voit une menace pour l’existence de l’Etat hébreu. Son ministre de la Défense, le travailliste Ehoud Barak, a même estimé que toutes les options étaient sur la table ! Israël disposerait d’à peine une année pour détruire les installations nucléaires iraniennes, sinon il risque d'être la cible d'une attaque à l'arme atomique de la part de l'Iran, a renchérit Shavtaï Shavit, l'ancien chef du Mossad, le service secret israélien, dans une interview au Sunday Telegraph !

Il faut dire que les déclarations à l’emporte-pièces du président Ahmadinejad assurant qu’il faut rayer de la carte Israël sont du pain béni pour les faucons israéliens. Or, chacun sait que l’Iran ne pourra pas disposer de l’arme nucléaire, si telle est son intention, avant une dizaine d’années, voire plus, affirment sous couvert de l’anonymat des sources proches des services secrets américains citées par CBS News.  Et que les déclarations du président iranien, en difficulté sur le plan politique interne, sont destinées à la consommation interne. Qui plus est, bien que chef de l’Etat, Ahmadinejad ne dispose pas de la réalité du pouvoir.

Ce dernier est détenu par l’ayatollah Khamenei qui se garde bien de se lancer dans ce type de discours qui rappellent celui de certains dirigeants arabes avant la guerre de juin 1967. Israël le sait, en profite, fait dans le registre de l’émotion – le génocide nazi – pour préparer l’opinion internationale à une attaque contre l’Iran. La réaction iranienne n’a pas tardé :  L’Etat hébreu doit s’attendre «à un coup terrible à la figure» si d’aventure il agressait l’Iran.

Toutefois, la question est de savoir si Israël est en mesure de lancer une attaque contre l’Iran. Seul, il ne le peut pas faute de moyens logistiques suffisants. Pour Michael Oren, consultant de CBS news pour les questions de sécurité, "les forces aériennes israéliennes ne sont pas les forces aériennes américaines. Israël ne peut pas détruire le programme nucléaire iranien". Par conséquent, il ne peut le faire qu’avec l’appui des Etats-Unis qui possède les moyens de sa politique agressive, surtout quand il s’agit de petits pays. C’est ce qu’a d’ailleurs admis le vice-Premier ministre israélien, le faucon Shaoul Moffaz.. 

Cette brusque montée des tensions dans la région n’est pas sans rapport avec la tournée d’adieu effectuée par George Bush au cours de ce mois de juin. Le nucléaire iranien a figuré au centre de ses entretiens non seulement avec les dirigeants israéliens, mais aussi avec le Premier ministre britannique, Gordon Brown, la chancelière allemande, Angela Merkel et le président Sarkozy. Et même si rien n’a filtré de ses entretiens avec ses alliés occidentaux, il est certain que quelque chose est en train de se préparer.

Le Congrès US n’a-t-il pas donné son feu vert pour des opérations secrètes destinées à déstabiliser le régime iranien ? Certains médias occidentaux sont d’ores et déjà mobilisés et relaient au sein de l’opinion la thèse que représenterait une supposée menace iranienne.

Sans doute est-ce pour cette raison que Moscou a mis en garde contre le risque d’un Irak-bis. La Russie, qui fait partie du « Groupe des six » qui négocie avec Téhéran - affirme que rien ne prouve que l’Iran cherche à se doter de l’arme nucléaire et exige des preuves que les Occidentaux n’ont pas été en mesure de fournir ! La Chine, autre membre de ce groupe, est sur la même longueur d’onde. 

En attendant, en plus des manœuvres militaires israéliennes, les navires de guerre américains qui mouillent dans les ports des pays du Golfe et ceux qui croisent dans le Golfe persique, ainsi que  les bases aériennes américaines installées dans ces monarchies pétrolières sont en état d’alerte permanente. Il ne faut pas oublier que le commandement américain pour le Moyen-Orient est basé au Qatar. C’est à partir de ce pays qu’ont été coordonnées les attaques contre l’Irak et qu’a été préparée l’invasion de ce pays ! C’est à partir des bases aériennes situées dans les autres Emirats du Golfe que partaient les avions de combat américains pour pilonner l’Irak en 2003. Ce sera donc à partir de ces pays, qui soi-dit en passant se trouvent à portée des canons iraniens, que sera déclenchée une attaque contre l’Iran. 

Quoi qu’il en soit, ce début de matraquage médiatique rappelle à s’y méprendre la campagne menée contre les armes de destruction massive irakiennes (ADM). Au final, le régime de Saddam est tombé après l'invasion de l'Irak et la destruction de son infrastructure socio-économique. Le millier d’experts US envoyé sur place n’a trouvé aucune trace d’ADM. Et le pays est aujourd’hui au bord de l’implosion ethnico-confessionnelle ! L'Iran n'est pas un modèle de démocratie mais personne n'a le droit de décider à la place des iraniens eux-mêmes!