les nouveaux dirigeants Ukrainiens... (DR)

Ukraine: un pays gangrené par la corruption et au bord de la faillite

Le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, en fuite, laisse un pays à bout souffle, une économie exsangue. Le cri d’alarme lancée par le nouveau président par intérim, Olexandre Tourtchnivoff, a remis les questions d’ordre économique au centre des débats. Selon lui, le pays « s'enfonce dans le précipice », il est « au bord du défaut de paiement », presque plus en mesure de payer les salaires des fonctionnaires, d’assurer la continuité des services publics de première nécessité.

Concentrée jusque-là autour des événements politiques de la place Maïden, la population est à présent prise de panique, confrontée à un brusque ralentissement de l’activité économique, déjà moribonde. Les banques limitent la sortie de liquidités et les ukrainiens s’empressent de stocker des denrées alimentaires de crainte de subir des pénuries. L’aide dont le pays a besoin pour sortir la tête de l’eau est estimée à environ 25,4 milliards d’euros.

La Russie est le premier partenaire économique de l’Ukraine. Celle-ci y exporte 25% de ses  produits et y importe à hauteur de 32%. Moscou est également le principal investisseur (1). Kiev avait reçu de la part de son voisin une première enveloppe d’aide trois milliards de dollars en décembre 2013.

La croissance de l’Ukraine connaît des hauts et des bas depuis la proclamation de sa souveraineté au début des années 90 (2). Elle a été de 0,4% en 2013. Le pays détient des ressources minières, une industrie métallurgique importante ainsi qu’une industrie chimique. Au plan énergétique, l’Ukraine reste fortement dépendante du gaz russe, tandis 60% du gaz destiné à l’Europe transite par son sol. Il s’agit là d’un enjeu géopolitique de première importance.

L’Ukraine demande à présent le soutien du FMI pour un premier remboursement de sa dette à hauteur de 13 milliards pour cette année. Une mission a été déléguée pour discuter du plan d’aide.

 Gangrené par la corruption -classé 144e sur 177, au niveau de la Centrafrique (3)-, le pays est mis en coupe réglée par des milliardaires enrichis à la faveur de l’effondrement de l’Union Soviétique. Barons hyperpuissants, ceux-ci entretenaient pour la plupart des relations d’influence dans les milieux politiques pour préserver leurs intérêts. Ils n’en gardaient pas moins une relative distance avec le président Ianoukovitch et sa famille, enrichie trop vite et trop facilement à leur yeux.

Ces oligarques sont appelés au secours par le nouveau pouvoir, qui n’a pas hésité à leur déléguer le contrôle de régions-clé (Dnipropetrovsk, Donetsk…). Le premier ministre par intérim a remplacé 18 des 24 gouverneurs. L’objectif serait d’empêcher des référendums sur l’autonomie régionale.

 (1) Selon les chiffres du CIA Factbook 2014

(2) Proclamée le 24 août 1991

 (3) Transparency International