La poursuite de la garde à vue de Jean-Noël Guérini dépend désormais d'un avis des médecins. (Rama / Wikimedia)

Affaire Guérini, un bref rappel des faits

Tandis que l'audition de son frère Alexandre, s'est poursuivie mercredi, Jean-Noël Guérini a rejoint son domicile. Hospitalisé mardi, à la suite d'un malaise lors de sa garde à vue, la poursuite de l'audition de J.N Guérini dépend désormais d'un avis des médecins.

Décidément, dans cette affaire, le volet médical est presque aussi important que le volet judiciaire. Après la crise de péritonite de J.N Guérini, survenue en janvier, peu avant son audition, c'est le juge en charge de l'affaire, Charles Duchaine, qui était hospitalisé, début février, pour une méningite virale.

 

Quatre ans d'enquête

Mardi, c'est donc un malaise, plus précisément « une forte poussée de tension », dixit le communiqué publié mercredi après-midi, qui a motivé un nouveau report. Et un nouveau contretemps dans l'élucidation de ce dossier, ouvert depuis déjà quatre ans.

En février 2009, un courrier anonyme, reçu par Jacques Dallest, le procureur de la République, déclenche l'affaire. La lettre met nommément en cause les frères Guérini, évoque leurs liens avec le milieu, et décrit un système de malversations tentaculaire, en particulier dans la gestion des décharges publiques du département des Bouches-du-Rhône.

En avril 2009, une information judiciaire contre X est ouverte, et le juge Charles Duchaine est chargé de l'enquête. Courant 2009 et 2010, plusieurs autres courriers anonymes, très détaillés, sont envoyés, à la police judiciaire ou au juge Duchaine. Les relations entre les frères Guérini et le grand banditisme y sont de nouveau mentionnées, ainsi que des opérations frauduleuses dans l'attribution, par le Conseil Général 13, de différents marchés publics.

Les investigations conduisent à l'incarcération, en décembre 2010, d'Alexandre Guérini, qui sera libéré en mai 2011. Mais l'affaire n'en reste pas là, et en septembre 2011, c'est Jean-Noël Guérini qui est mis en examen pour, entre autres, « association de malfaiteurs en vue de trafic d'influence et recel de trafic. »

 

Immunité parlementaire perdue

Protégé par son immunité parlementaire de sénateur, J.N. Guérini refuse, dans un premier temps, d'être auditionné. En mars 2012, le Sénat lève l'immunité parlementaire, mais juste avant cette levée, J.N Guérini accepte finalement d'être entendu par le juge Duchaine.

L'audition consiste alors en une confrontation avec Rémy Bargès, son directeur de cabinet d'alors. Celui-ci est soupçonné de « destruction de preuves », pour avoir remplacé des ordinateurs dans le bureau de la présidence du CG 13, à la veille d'une perquisition, en novembre 2009.

J.N Guérini, qui clame son innocence depuis le début de l'affaire, y compris durant la période d'incarcération de son frère, ressort serein de l'audition. Son avocat, Dominique Mattei, indique alors que M. Bargès assume l'initiative du remplacement du matériel informatique, et que J.N Guérini n'était pas au courant.

En décembre 2012, le juge Duchaine souhaite de nouveau entendre J.N Guérini, cette fois-ci sous le régime de la garde à vue. Le juge d'instruction qualifie désormais de « caractère mafieux » le système sur lequel il enquête. Il demande la levée de l'immunité parlementaire de J.N Guérini, pour permettre la procédure de garde à vue.

Le Sénat accède à la demande, ce dont se réjouit J.N Guérini. « Je souhaitais cette décision, car je veux, dans les plus brefs délais, apporter toutes les explications nécessaires à la manifestation de la vérité », explique-t-il.

 

Encore une affaire

Depuis, les différentes péripéties médicales ont retardé cette « manifestation de la vérité. »

Entre temps, J.N Guérini a été pris dans de nouveaux déboires judiciaires. Le 5 mars dernier, il a été mis en examen, en compagnie de Jean-David Ciot, l'actuel premier secrétaire de la fédération du Parti Socialiste des Bouches-du-Rhône. Cet épisode a d'ailleurs motivé la mise sous tutelle du PS 13, quelques jours plus tard.

Les deux hommes sont soupçonnés de licenciement arrangé, au bénéfice de J.D Ciot, qui aurait reçu 20 000 euros d'indemnité lors de son départ du CG 13. Par ailleurs, selon une information de La Provence, le 29 mars, le CG 13 a voté la prise en charge par la collectivité, autrement dit par le contribuable, des frais de justice de J.N Guérini et de J.D Ciot.

Pour l'heure, dans le dossier lié aux marchés publics du CG 13, la garde à vue d'Alexandre Guérini s'est poursuivie mercredi. Celle de Jean-Noël Guérini est donc suspendue pour raisons médicales. En attendant le prochain rebondissement...