Grèce : vers une sortie programmée de la zone euro  ?

Grèce : vers une sortie programmée de la zone euro ?

A l’heure où les dirigeants européens haussent le ton pour le respect des engagements et la mise en place des réformes en contrepartie du versement d’aides financières, Standard and Poors évoque le scenario de la sortie de la Grèce de la Zone euro.
Selon l’agence de notation française, la Grèce a « au moins une chance sur trois » de renoncer à l’euro. Le rapport publié lundi évoque aussi les conséquences éventuelles d’un tel scénario sur les pays de la zone.

Un scénario de moins en moins tabou….

Alors que l’objectif des précédents sommets européens était de tout faire pour sauver la Grèce et la garder dans la zone, de plus en plus de dirigeants européens haussent le ton et évoquent clairement la possibilité d’un scénario de sortie de la Grèce de la zone euro.

« Nous n'avons pas de conseils à donner sur le plan électoral, mais dès lors que la Grèce souhaite rester dans la zone euro, il faut que les choix faits le permettent » a prévenu le ministre français des Finances Pierre Moscovici lors d'un point de presse au siège de la Commission européenne à Bruxelles.

L’avenir du pays reste suspendu aux élections législatives organisées le 17 Juin prochain. La possibilité de la formation d’un gouvernement opposé aux réformes imposées par l’UE et le FMI conduirait inéluctablement à la sortie du pays de la zone euro.

Le chef de la gauche radicale grecque Syriza, Alexis Tsipras, a affirmé vendredi 1er juin vouloir "annuler" le mémorandum imposant à la Grèce des mesures de rigueur en contrepartie du soutien de l'UE et du FMI s'il remportait les législatives.

Le Syriza a quadruplé son score de 2009, et s’impose désormais comme la deuxième force politique du pays pour son rejet de l'austérité lors du scrutin du 6 mai, qui n'a accouché d'aucun gouvernement.

Le parti était au coude à coude dans la plupart des sondages avec le parti conservateur Nouvelle-Démocratie (ND), à deux semaines du nouveau scrutin législatif.

Les banques se préparent discrètement … à la demande des législateurs

Selon les données de la Banque des règlements internationaux, les banques françaises sont engagées à hauteur de 44,4 milliards d’euros, contre 13.4 milliards pour les banques allemandes.

La facture s'élèverait à 5,2 milliards d'euros pour le Crédit agricole, 2,9 milliards pour BNP Paribas et 400 millions d'euros pour la Société générale.

Des plans d’urgence seraient mis en place discrètement à la demande des régulateurs. Pour le vice-Premier ministre belge, Didier Reynders, ce serait d'ailleurs une "grave erreur professionnelle" de la part des entreprises et des banques centrales de ne pas préparer de tels plans d'urgence. "Je trouve qu'il y a un degré de préparation à Londres plus élevé qu'à Paris. Les banques françaises, pour des raisons politiques, se sont montrées plus réticentes", commente Hubert de Vauplane, associé au cabinet d'avocats Kramer Levin à Paris.

La Grèce serait la première à en payer le prix selon S&P

Le retour au Drachme serait "probablement très coûteux pour la population grecque", souligne S&P.

Il "ne réglera durablement en lui-même aucun des problèmes fondamentaux de l'économie grecque", mais risque au contraire de provoquer des retraits bancaires massifs et de nombreuses faillites d'entreprises, alimentant in fine la contraction de l'activité et l'austérité budgétaire.

Mais "les difficultés dont souffrira la population grecque devraient dissuader les autres Etats membres de la suivre dans sa sortie de l'euro", note encore l’agence de notation S&P.

Pour elle, cela pourrait même renforcer la volonté d'autres pays à poursuivre leur programme d'ajustement budgétaire, les gouvernements s'efforçant de démontrer que la Grèce est un cas spécial.