La liesse au soir de la victoire du "Non !"... (DR)

Quand le « non » grec ouvre le chemin de la résistance à l’austérité

Oxi ! Le dernier mot du peuple grec en réponse aux mesures d’austérité imposées par ses créanciers peut-il changer la donne dans les rapports entre les peuples d’Europe et les « institutions »?

Tout comme le « non » au traité établissant une Constitution pour l’Europe -en France et aux Pays-bas en 2005, en Irlande en 2008- le « non » grec confirme avant tout et sans surprise le fossé qui se creuse entre les attentes des populations et les politiques austéritaires de l’Europe libérale. Aussi, Athènes devient-elle désormais l’épicentre d’un séisme qui ébranle Bruxelles, ouvre une brèche dans la forteresse, crée l’opportunité de nouveaux rapports de force, quand bien même la bataille est loin d’être gagnée face aux diktats de l’UE, de la BCE et du FMI et des pressions des marchés.

« Si le peuple grec réussissait à obtenir de ses créanciers un changement de situation, cela ne pourrait qu’encourager d’autres peuples à relever la tête pour lutter contre l’austérité », affirmait à quelques jours du référendum l’économiste Eric Toussaint coordinateur d’un audit sur la vérité de la dette Grecque (l’Humanité Dimanche du 18 au 24 juin).

L’Espagne est de ce point de vue l’exemple le plus proche dans le temps. Le mouvement antilibéral Podemos qui a immédiatement salué le résultat du référendum trouve naturellement dans le « non » grec un point d’appui considérable à quelques mois des élections législatives. Pour ses leaders, l’expression démocratique est plus que jamais le moteur de la résistance à l’austérité. « Etre aujourd’hui avec la Grèce, c’est être avec les repères identitaires de l’Europe. C’est le moment d’exiger que la démocratie et les droits humains supplantent la cupidité financière, pour que la nuit ne retombe à nouveau sur l’Europe », écrivait à la veille de la consultation Juan Carlos Monedero, l’un des cofondateurs de Podemos, dans une tribune publiée dans le Monde

En Irlande le Comité de solidarité qui avait activement soutenu le gouvernement de Tsipras voit dans la victoire du «non » une « répudiation définitive de l'austérité ».

En France, le Front de gauche s’efforce de donner corps au message dont est porteur le référendum grec. « Il est possible de dire non aux politiques d’austérité », rappelait dimanche le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, alors que se confirmait le triomphe du rejet grec. Tandis que Jean-Luc Mélenchon, co-fondateur du Parti de gauche, y voyait « un nouveau départ pour l’Europe ».

Cela étant, le chemin de la résistance à l’austérité ainsi ouvert par le « non » grec n’en reste pas moins semé d’embûches. L’extrême droite en France et les eurosceptiques de l’UKIP en Grande-Bretagne  tentent d’ores et déjà d’en tirer profit. Partout, les forces de gauche se doivent de clarifier sans tarder les positions en faveur d’une autre Europe.