le sort réservé à Abdullah Ocalan n’en reste pas moins flou... (DR)

Turquie : les rebelles kurdes entament leur retrait vers le nord de l’Irak

Suite au cessez-le-feu conclu avec le gouvernement turc à l’appel du chef rebelle en détention, Abdullah Ocallan, les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) de Turquie ont entamé, mercredi 8 mai, leur retrait vers le nord de l'Irak pour regagner leurs bases arrière dans les montagnes du Kurdistan irakien.

Lancé le 21 mars à l'occasion des célébrations du Nouvel an kurde, cet appel à la paix a ravivé l'espoir de mettre un terme à un conflit qui déchire depuis vingt-neuf ans la Turquie et a déjà causé la mort de 45 000 personnes.

Le plan de paix prévoit un retrait de Turquie des quelque 2 000 combattants du PKK d'ici à l'automne. Le premier ministre turc s'est engagé à leur assurer un sauf-conduit pour l'Irak.

De son côté, le gouvernement a déposé au Parlement un "paquet" législatif qui doit permettre la remise en liberté de centaines de Kurdes incarcérés pour leurs liens avec le PKK. Et le projet de nouvelle Constitution en cours de discussion doit élargir les droits de la minorité kurde de Turquie.

Le sort réservé à Abdullah Ocalan n’en reste pas moins flou. Ankara a écarté toute idée d'amnistie mais les Kurdes insistent pour sa remise en liberté ou, à défaut, son assignation à résidence.

Peuple d'origine indo-européenne, les Kurdes, musulmans sunnites dans leur majorité, sont établis sur près d'un demi-million de kilomètres carrés, aux confins de la Turquie, de l'Iran, de l'Irak et de la Syrie.

Leur nombre total varie, selon les sources officielles ou kurdes, de 25 à 35 millions de personnes. Le plus grand nombre vit en Turquie (12 à 15 millions), suivie de l'Iran (environ 5 millions), de l'Irak (près de 4,5 millions) et de la Syrie (quelque 2 millions). Situés dans des zones à l'intérieur des terres, les Kurdes ont su préserver leurs dialectes, leurs traditions et un mode d'organisation largement clanique.

L'effondrement de l'Empire ottoman à l'issue de la première guerre mondiale ouvrit la voie à la création d'un Etat kurde, prévue par le traité de Sèvres en 1920, situé dans l'est de l'Anatolie et dans la province de Mossoul.

Mais après la victoire de Mustafa Kemal ("Atatürk") en Turquie, les Alliés revinrent sur leur décision et, en 1923, le traité de Lausanne consacra la domination de la Turquie, de l'Iran, de la Grande-Bretagne (pour l'Irak) et de la France (pour la Syrie) sur les populations kurdes.

Revendiquant la création d'un Kurdistan unifié, les Kurdes sont considérés comme une constante menace à l'intégrité territoriale des pays où ils sont installés.