La nouvelle route de la soie est un plan économique chinois qui a pour objectif de créer un réseau commercial qui relierait les marchés asiatiques, africains et européens à travers notamment la construction de ports, de voies ferrées, d'aéroports ou de parcs industriels  (PHOTO : DR)

Nouvelle route de la soie, la Chine et le Maroc signent une convention ambitieuse

La Chine avance ses pions au Maghreb. Après s’être enraciné dans le paysage économique algérien avec des investissements massifs et durables, voila que Pékin lorgne également Rabat. La Chine et le Maroc ont scellé cette semaine une convention ambitieuse qui concrétise un peu plus le projet stratégique chinois des nouvelles routes de la soie. La convention a été paraphée par le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita et le vice-président de la commission nationale du développement et de la réforme de Chine, Ning Jizhe, lors d'une cérémonie organisée par visioconférence.
Cet accord facilitera les investissements chinois pour la réalisation de nombreux projets au Maroc. Cela favorisera également les échanges commerciaux, la création de joint-ventures dans les secteurs industriels et énergétiques, et encouragera la recherche et la coopération technologique, a précisé l'agence marocaine MAP. La convention vise aussi une coopération tripartite avec l'Afrique, en particulier dans le développement durable.
Lors de la conférence de presse, les deux responsables ont étayé, chiffres à l'appui, l’augmentation des échanges entre les deux pays. Selon Bourita, les échanges bilatéraux ont atteint les 6 milliards de dollars US en 2021. Signalant également que plus de 80 projets d’investissements chinois sont actuellement en cours au Maroc. Du côté de Pékin, Ning Jizhe a fait remarquer que les investissements directs de la Chine dans le royaume ont atteint 380 millions de dollars.
La nouvelle route de la soie est un plan économique chinois qui a pour objectif de créer un réseau commercial qui relierait les marchés asiatiques, africains et européens à travers notamment la construction de ports, de voies ferrées, d'aéroports ou de parcs industriels. Elle a pour ambition de promouvoir de nouvelles opportunités de coopération entre la Chine et les 140 pays y ayant adhéré. Elle est fondée sur le dialogue, le partenariat, l’apprentissage et l’inspiration mutuels. Par ailleurs, depuis son lancement en 2013, le Maroc a été le premier pays en Afrique à adhérer à cette initiative.

Une convention économique aux conséquences géopolitiques

En dehors de ces aspects économiques, la convention recèle également des considérations géopolitiques. Le Maroc, toujours en quête d’alliés puissants qui pourraient le soutenir dans la question du Sahara Occidental, verrait d’un très bon oeil un rapprochement avec Pékin, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et allié d’Alger, soutien historique du Polisario. Ayant déjà le soutien de Washington, si la Chine rallie la cause marocaine dans ce dossier, ça serait un grand accomplissement diplomatique majeur pour le royaume. En plus de cela, le Maroc cherche à diversifier ses partenariats à l’heure où les relations avec ses alliés traditionnels que sont l’Espagne, la France ou l’Allemagne se sont détériorées.
Rappelons que le Maroc n’a pas attendu cette convention pour amorcer un rapprochement politique avec la Chine. La justice marocaine avait donné fin décembre son feu vert pour l’extradition d’un ressortissant chinois membre de la minorité musulmane des Ouïghours, Yidiresi Aishan, recherché par la Chine pour des prétendus «actes terroristes ». Cette décision qui a défrayé la chronique au Maroc a suscité un émoi national où de nombreux défenseurs des droits humains s’y sont opposés.
Du côté chinois, il semblerait que la position géostratégique du Maroc a convaincu le parti communiste d’accentuer ses investissements dans le royaume. En effet, le Maroc s’est positionné comme le point d’entrée des investissements européens en Afrique, notamment à travers son port de Tanger, qui est répertorié comme l’un des 25 hubs portuaires mondiaux et le troisième en termes de connectivité derrière Shanghaï et le Panama.
Rappelons que les deux pays ont également signé des conventions dans le secteur de la santé dans le cadre de la lutte anti coronavirus à travers la fabrication et la mise en seringues du vaccin anti-Covid-19 Sinopharm au Maroc.