Emmanuel Macron a voulu tenter d’inverser la tendance sondagière, changer son image.

Vidéo : L’étonnant discours annoté de Macron après le remaniement gouvernemental

Vous aussi vous avez été étonnés par les annotations bien visibles sur les feuilles du discours donné par Emmanuel Macron, Président de la République française ? On fait le point, zoom !

Alors que la présentation du remaniement gouvernemental attendu depuis une quinzaine de jours avait été repoussée d’un jour du fait des inondations meurtrières dans l’Aude, le président de la République française, Emmanuel Macron, a effectué une allocution d’une douzaine de minutes, ce 16 octobre 2018.

Une allocution pré-enregistrée et diffusée sur toutes les chaînes télé, sans journalistes pour poser des questions, dans la plus pure tradition des allocutions élyséennes, quand la France, son président, s’adresse directement aux Français, pour un 14 juillet ou pour tout autre grand évènement majeur. La voici :

Une allocution effectuée dans la plus pure tradition des allocutions élyséennes ? Enfin presque… Ce qui a étonné, en effet, ce sont les notes largement visibles sur les feuilles du discours présentes devant les mains d’Emmanuel Macron face à la camera et à son prompteur vraisemblablement présent, même si l’on connait Emmanuel Macron fort à l’aise dans l’exercice oratoire, même sans notes aucune.

De grandes annotations

Face à ce discours annoté, nous avons immédiatement diffusé ce statut sur Facebook pour voir, on peut vous l’avouer, comment les personnes qui nous y suivent, personnes de toutes catégories socio-professionnelles et politiques, réagissaient à ce fait étonnant pour cet exercice traditionnel de présidentialisation du Chef de la Nation.

Pour la grande majorité des personnes qui se sont exprimées, cela ne fait aucun doute : les annotations sur le discours sont le fait d’une stratégie de communication.    

Sur la forme

En perte de confiance dans les sondages, en partie du fait de sa sortie selon laquelle tout un chacun pourrait trouver du travail juste en traversant la rue, sortie qui a définitivement cristallisée une forme d’hybris jupitérienne, celle d’un Président défendant plus les grandes puissances d’argent que l’immense majorité du "petit peuple", Emmanuel Macron a voulu tenter d’inverser la tendance, changer son image.

D’où, sans aucun doute, l’image des feuilles annotées comme tout le monde le fait, chez soi, à son bureau, de l’école à l’université, avant de passer un entretien d’’embauche ou encore d’aller faire ses courses.

Le message, en filigrane, de ces annotations ? "Je suis comme vous". Et l’ouverture de l’allocution en plan large avec ce seul mot du triptyque républicain "Fraternité", ainsi hyper valorisé, va également dans le sens de cette analyse.

Toujours à l’aise dans ses sorties publiques, très souvent souriant (voire trop souriant pour nombre d’observateurs en certaines conditions de représentations), jugé exubérant dans sa campagne présidentielle (ce qui lui avait valu d’être comparé au loup de Wall Street comme au Super Saiyen Son Goku), Emmanuel Macron est apparu hier soir en basse lumière télévisuelle, avec des notes d’écolier et un discours ultra pausé, à la limite du contrit.

Tout à l’inverse du manque d’"humilité" qu’avait reproché Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur, à lui et à d’autres du sommet de l’Etat, avant de claquer la porte du gouvernement, peu de temps après le départ tout aussi fracassant de l’écolo Nicolas Hulot. Visiblement, Emmanuel Macron a retenu la leçon, toutes les leçons, et fait son mea culpa :

"J’ai pu déranger ou choquer certains et j’entends les critiques."

Sur le fond

Au-delà, de ces stratégies formelles de communication inhérentes à la vie politique, stratégies que l’on ne peut pas juger mais juste observer, parce qu’elles ont toujours existé et existeront toujours, forcément, parce qu’il n’y pas de communication politique sans communication, regardons un peu le fond.

Si la forme change, le fond ne change pas et on peut apprécier le langage de "vérité" du Président Macron :

"Je vous mentirais ce soir, si je vous disais que nous pouvons aisément faire que chacun d’entre vous ai demain plus d’argent ou que chacun soit plus heureux, non. "

La solution ?

"Aucun d’entre vous n’ira mieux, ni aujourd’hui, ni demain, si notre pays est plus faible, s’il subit une Europe qui se dérègle ou se replie par ce que le fracas du monde l’effraie. C’est pourquoi ce que je demande au nouveau gouvernement ainsi formé est de poursuivre les transformations dont notre pays a besoin et de le faire avec un objectif simple : que nous reprenions pleinement la maîtrise de notre destin. Cela ne se fera pas en un jour, mais il n’y a aucune fatalité. Je sais toutes les blessures de notre vieux pays, ses doutes, ses colères aussi. (…) Nous nous devons d’être à la hauteur."

La hauteur dont parle Emmanuel Macron, c’est aussi celle qu’il prend en ne nommant aucun des ministres entrant dans le nouveau gouvernement d’Edouard Philippe, non évoqué nominativement également, pas plus que les ministres sortants ou quiconque d’autres. Emmanuel Macron a fait le choix de parler de l’action publique de l’Etat (de l’économie, à l’éducation en passant, entre autres, par l’écologie) dans ses grandes lignes passées, présentes et à venir et a pointé du doigt les "extrémismes" qui agitent de plus en plus de Nations en Europe, ce projet de fraternité continentale ébranlée dans lequel il souhaite toujours que la Nation France joue un rôle majeur avec "vous".  

"Je n’ai pour ma part qu’une seule boussole, c’est la confiance que vous m’avez donnée en mai 2017", avait-t-il dit au début de son allocution avant de conclure par le classique institutionnel : "vive la République, vive la France".