Le Hirak Algérien, toujours et encore moteur de la libération démocratique

Où va Abdelmadjid Tebboune, président d’une Algérie en transformation, dont la société porte désormais l’empreinte indélébile du Hirak, cet élan de conscience pour un changement radical sur le chemin de la démocratie ?

Le chef de l’Etat s’entoure de ministres puisés dans le sérail du précédent pouvoir, enchaîne les consultations de personnalités diverses, lance le chantier de la révision constitutionnelle, laisse espérer la dissolution dans la foulée du Parlement, ordonne la préparation d’une loi criminalisant le racisme, le régionalisme… Le débat est ouvert sur ses véritables intentions politiques. L’opinion n’en demeure pas moins dans l’expectative, car les avancées marquent le pas sur le terrain des libertés individuelles et collectives, celle de la presse…

La libération de 76 détenus d’opinion le 2 janvier dernier a été stoppée net. D’autres citoyens privés de liberté pour s’être exprimés attendent encore les décisions de magistrats que l’on sait aveuglement soumis à l’exécutif.

Les policiers en civil et leurs nervis continuent à infester les rangs des manifestants en complément des dispositifs de répression.

La circulation vers la capitale reste quasiment interdite les jours de manifestations, des sites d’information sont bloqués, à l’image de TSA.com, et les médias publics demeurent toujours des espaces fermés, exclusivement réservés à la parole officielle.

Produit d’un système honni, porté au pouvoir à l’aide d’un scrutin suspect du fait d’une abstention record, le chef de l’Etat peine toujours à convaincre les Algériens. Surtout, il semble pour l’instant tâtonner, visiblement encore incapable de prendre une direction et d’en dessiner les contours aux yeux de l’opinion. Il se doit de donner des gages pour un véritable changement. Mais encore faut-il se libérer de la tutelle pesante de l’armée, centre du véritable pouvoir.

Pas question de ne pas reconnaître ici le rôle de celle-ci dans la lutte contre le terrorisme islamiste. Sans ce rempart, l'Algérie aurait basculé vers un modèle obscurantiste infiniment plus dévastateur que la guerre interne qui a déchiré le pays durant les années 90. Mais il faut bien admettre que l'armée doit aujourd'hui laisser le champ libre aux acteurs civils dans la construction d'un Etat authentiquement démocratique et, surtout, garant de la redistribution des richesses.

Tebboune peut-il s'en affranchir, en a-t-il les capacités ? Rien n’est moins sûr. Seul le Hirak est en mesure d'imposer l’amorce de ce tournant historique. Le mouvement ressoude les Algériens, nourrit la solidarité, offre un formidable terreau à la jeunesse en mal d’expression. De par la richesse de sa diversité, il transcende l’action politique traditionnelle. C’est la société qui ressuscite et crie tous ses espoirs.

Le Hirak a finalement toutes les raisons de poursuivre la contestation. Il reste, jusqu’à preuve du contraire, toujours et encore le moteur de la libération démocratique tant attendue des Algériens.

Une dynamique salutaire.