Culture : les artistes de Bosnie-Herzégovine exposent "Memory Lane" à la Galerie du Jour

Culture : les artistes de Bosnie-Herzégovine exposent "Memory Lane" à la Galerie du Jour

La Galerie du Jour Agnès b présente du 7 juin au 27 juillet l'exposition "Mémory Lane", en collaboration avec la Galerie sarajevienne "Duplex100m²", rassemblant tous les artistes de Bosnie-Herzégovine préoccupés par la gestion de la mémoire individuelle et collective. 

Parmi eux : Gordana Andjelic-Galic, Igor Bosnjak,Lana Camajcanin, Jusuf Hadzifejzovic,Nela Hasanbegovic, Andrej Djerkovic, Ibro Hasanovic, Adela Jusic, Sejla Kameric, Milomir Kovacevic-Strasni, Aleksandra Nina Knezevic, Radenko Milak, Mladen Miljanovic, Damir Radovic, Lala Rascic, Nebojsa Seric-Shoba, Irena Sladoje, Alma Suljevic et Edo Vejselovic.

Réunir la mémoire individuelle et collective
Inspiré par la phrase de Paul Garde, professeur, écrivain et grand connaisseur de Balkans : "Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir", l'exposition montre les diverses approches artistiques retenues par Pierre Courtin, directeur de la Galerie Duplex100m².  Pierre Courtin a quitté son centre culturel, installé sur les quais de Miljacka et il revient aujourd'hui dans son pays natal pour présenter l'avant-garde bosnienne à Paris. Lillois de naissance, le jeune homme vit à Sarajevo depuis plus d'une décennie, après être parti étudier en Europe du sud-est en 2004 , dans le cadre du programme Erasmus. Etudiant aux Beaux-arts, il avait d'abord fondé la Galerie de 100m², comme projet de fin d'études et décidé d'y exposer les œuvres de ses collègues. Saisi par le charme de la capitale bosnienne il y est alors resté. Avec l'aide précieuse de la créatrice de mode et cinéaste  Agnès b, le kiosque de Pierre Courtin a radicalement changé, devenant une galerie et un lieu de rencontres où se réalisent nombreux projets culturels internationaux. L'ambitieux directeur nous a confié quelques uns de ses projets:

- Réunir des mémoires séparées de la Bosnie-Herzégovine est un geste très courageux mais aussi dangereux et même périlleux.Vous l'avez réussi ! Comment?
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Les créateurs de l'Europe du sud-est ont une tradition artistique et historique en France, surtout dans la capitale. Montrer leurs réalisations récentes était un grand défi, réfléchi et mûri durant deux ans. Agnès b et moi-même nous sommes consciencieusement jetés dans les eaux troubles des expressions artistiques d'un pays qui nous est très cher. Il s'agit de la plus grande projection d'art contemporain venu des Balkans. Nous avons réuni des auteurs qui évoluent à Sarajevo, Banja Luka, Trebinje ou à Rijeka, ville croate mais aussi au Kosovo, à Berlin, New York, Nouvelle Orléans et Paris. Tous explorent la question de la mémoire.

- Les ruines d'une histoire commune
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Le titre "Memory Lane" est emprunté de l'oeuvre d'Adéla Jusic. Il souligne cette mémoire bosno-herzégovienne basée sur les ruines d'une même histoire dont les mémoires sociales se séparent et demeurent souvent très contradictoires. Il n'existe pas encore de réponses aux centaines de questions fondamentales pour le pays. Pour cela, les lieux réels ouvrent régulièrement des passages à la fiction. La scène artistique risque de disparaître ! Ceux qui la constituent sont obligés de réagir.Nous aussi. La mémoire est devenue "un pays" de réserve qui double le pays réel et le réfléchit de multiples façons. Nos artistes ont été très jeunes pendant le conflit, et ici ils montrent un double retournement de remémoralisation et de projection: la mémoire informe le présent et tout ce qui conditionne l'avenir comme le rappelle la phrase de professeur Garde. 

-Est-il possible dans les conditions actuelles de prévoir un avenir artistique commun en B-H?
.-Ce travail sur la mémoire qui visiblement produit des oeuvres spécifiques, d'un après guerre compliqué car des institutions du pays sont empêches de faire l'histoire, de rendre justice, de concilier des mémoires et construire un futur partagé, oblige des artistes à la participation. Il s'agit de proposer les nouvelles perceptions du réel en explorant ce qui le creuse : sa mémoire, ses images rémanentes, son refoulé. Les activités de mémoire que l'exposition veut donner à voir procèdent d'une singularité collective, d'une soorte de réalisme mosaïque. Les oeuvres rassemblées ne sont pas des jugements, ni des monuments aux morts, ni des discours mémoriels...

- Avez vous d'autres ambitions concernant l'exposition?
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Oui.Nous voudrions la présenter dans toute l'Europe.