Libye: Flambées d’émeutes et répression sanglante

Le soulèvement anti-kadhafi a fait plus d’une quarantaine de morts depuis mardi. Les manifestants ont incendié le siège de la radio dans la ville de Benghazi et deux policiers ont été pendus dans la ville d'Al Baïda.

Les manifestants réclament le départ de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969. Le réseau social Facebook qui s’est fait l’écho des appels à la mobilisation n'était plus accessible vendredi soir à Tripoli, et les connexions internet étaient très perturbées.

Les témoins rapportent que les manifestants scandaient :«Nous voulons une Constitution», «Le dialogue, pas le meurtre» ou «Non à la corruption».

Un millier de prisonniers environ se sont par ailleurs évadés d'une prison à Benghazi. "Il y a eu une mutinerie à la prison d'Al Kuifiya, aboutissant à l'évasion d'un grand nombre de prisonniers", a déclaré Ramadhna Briki, rédacteur en chef du journal libyen Quryna, cité par l'agence de presse officielle tunisienne TAP.

Le pouvoir libyen tente de minimiser cette flambée d’émeutes, s’employant à mobiliser ses soutiens dans la populations pour contrer les manifestants. "Le pouvoir du peuple, la Jamahiriya (pouvoir des masses), la révolution et le leader (Mouammar Kadhafi) constituent des lignes rouges. Celui qui tentera de les dépasser (...) joue avec le feu", ont prévenu les comités révolutionnaires, piliers du régime libyen.

Kadhafi déclare ainsi ouvertement la guerre à une partie de la population, convaincu qu'il parviendra à écraser la contestation. Reste que chaque jour qui passe révèle une détermination croissante de la population en colère. Le cycle manifestation-répression pourrait bien précipiter l'embrasement de toute la jamahiriya et la déconfiture de Kadhafi.