l’alliance Unidos Podemos a affiché sa volonté de changer la donne dans les rapports avec l’UE... (DR)

En Espagne, le pari de l’alliance Unidos Podemos dans une Europe libérale

À l’heure où ces lignes sont écrites, l’alliance entre Podemos et Izquierda Unida (IU), «Unidos Podemos», est créditée de 26 % des intentions de vote lors du scrutin du 26 juin prochain, selon un sondage Metroscopia, derrière le Parti populaire (PP) au pouvoir (28,4 %) et surtout devant le PSOE (20,2%).

La question européenne n’était pas au centre des débats de la campagne des législatives espagnoles, elle n’en reste pas moins posée en filigrane, à travers les mesures d’austérité que subit le pays. L’UE ne s’est d’ailleurs pas privée de rappeler ses diktats, quelle que soit la nature du gouvernement qui sera constitué. L’austérité exigée se chiffre à hauteur de 8 milliards d’euros et la menace de sanctions plane dès le début du mois de juillet si déficit budgétaire il y a. Lors des dernières élections, le 20 décembre, les électeurs avaient sanctionné cette politique qui maintient un taux de chômage élevé (21 % et 47,4% chez les jeunes) et précipite des millions de gens dans la pauvreté (13,4 millions en 2014). Le PP et le PSOE ont perdu au total plus de 5 millions de voix et 83 sièges.

Portée par les sondages, l’alliance Unidos Podemos a affiché sa volonté de changer la donne dans les rapports avec l’UE, en se plaçant sous le signe d’une «nouvelle social-démocratie». «Ce que nous voulons, c’est nous positionner comme modèle d’alternative d’une société qui a été dirigée depuis de nombreuses années par la social-démocratie, contre la politique d’austérité du PP», a affirmé Pablo Iglesias, leader de Podemos. Des paroles d’espoir après l’expérience de Syriza, de son enlisement dans les politiques d’austérité, de son incapacité à résister aux pressions de l’UE et des créanciers.

Reste cependant le passage inévitable par le sas des tractations pour la constitution d’un gouvernement. Podemos se propose, sans surprise, d’y aboutir avec le PSOE. Et c’est peut-être là que le bât blesse. Les socialistes espagnols ont été jusque-là les meilleurs relais de Bruxelles. Coupes dans les dépenses publiques, réformes régressives du Code du travail et des retraites… Ils ont largement préparé le terrain et tracé la voie aux politiques menées par le Parti populaire. Dans ces conditions, la gauche radicale unie parviendra-t-elle à faire valoir un programme anti-austérité en s’alliant au PSOE ? Là est une zone d’incertitude.

Podemos se propose enfin de négocier avec l’UE une augmentation des dépenses publiques de 60 milliards d’euros. S’agissant du drame des réfugiés, la formation envisage des demandes d’asile dans les ambassades et consulats d’Espagne ainsi que la création d’une Agence européenne de sauvetage… résolument à contre-courant des orientations bruxelloises.

Source: l'Humanité Dimanche N° 517 (du 23 au 29 juin)