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Libye: L'OTAN supervise la zone d'exclusion aérienne, des négociations seraient en cours à Addis Abeba

L'OTAN va participer à la mise en œuvre de la zone d'exclusion aérienne en Libye mandatée par les Nations Unies, et elle assumera le commandement des opérations militaires dans les prochains jours, prenant ainsi la relève du commandement américain, a déclaré jeudi soir le secrétaire général de l'alliance, Anders Fogh Rasmussen.

"Les alliés de l'OTAN ont décidé de mettre en oeuvre la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye", a affirmé M. Rasmussen au terme d'une réunion des représentants des pays membres de l'alliance atlantique à Bruxelles.

"Tous les alliés de l'OTAN se sont engagés à s'acquitter de leurs obligations en vertu de la résolution onusienne. C'est pourquoi nous avons décidé d'assumer la responsabilité pour la zone d'exclusion aérienne", a souligné M. Rasmussen.

Le commandant suprême des forces alliées de l'OTAN en Europe, l'amiral américain James Stavridis, prendra en charge le commandement général de la mission, a-t-il ajouté.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a déclaré jeudi que les Etats-Unis étaient prêts à transférer à l'OTAN le commandement de l'opération militaire visant à imposer la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye.

"Nous passons à l'étape suivante : nous avons convenu avec nos alliés de l'OTAN de transférer le commandement et le contrôle [à l'OTAN] pour la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye", a affirmé Mme Clinton au département d'Etat américain.

Elle a annoncé par ailleurs que les Emirats arabes unis avaient accepté d'envoyer des avions de combat pour garantir la zone d'exclusion aérienne. C'est ainsi le deuxième pays arabe à participer à l'opération, après le Qatar.

Après avoir éliminé la défense anti-aérienne libyenne, des responsables militaires américains ont annoncé que la campagne entrait dans sa deuxième phase, qui consiste à détruire les forces terrestres du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. La coalition a intensifié ses attaques aériennes sur Tripoli, capitale libyenne, visant notamment des dépôts de carburants et des installations militaires.

Un rôle plus actif des pays arabes

Les dirigeants de l'Union européenne participant à un sommet de deux jours à Bruxelles ont appelé jeudi les pays arabes à jouer un rôle plus actif pour faire face à la crise en Libye.

Le Conseil européen "a souligné le rôle clé des pays arabes, et particulièrement de la Ligue arabe" pour soutenir les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et chercher une solution politique à la crise libyenne, selon un communiqué de l'UE publié jeudi soir.

L'UE travaillera avec la Ligue arabe, les Nations Unies et l'Union africaine pour résoudre la crise libyenne, et elle "assistera une nouvelle Libye sur le plan économique et l'aidera à mettre en place de nouvelles institutions", indique le communiqué, qui appelle à nouveau le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à quitter le pouvoir immédiatement.

Ce communiqué intervient à la sixième journée consécutive d'opérations militaires menées contre la Libye par les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, ainsi que plusieurs autres pays européens.

Près d'une semaine après le déclenchement de l'intervention militaire étrangère, Kadhafi reste toujours au pouvoir. Il a juré mercredi que les puissances occidentales engagées dans l'action militaire contre la Libye "finiraient dans la poubelle de l'histoire".

Washington, Londres et Paris avaient convenu mardi que l'OTAN devrait jouer un rôle opérationnel clé dans l'opération militaire de la coalition internationale contre la Libye. Toutefois, l'Allemagne et la Turquie, toutes deux membres de l'alliance atlantique, se montraient réservées en la matière.

L'Union Africaine réitère sa réserve, La Russie et la Chine appellent à la retenue

Le président de la Commission de l'Union africaine (UA) Jean Ping a réitéré jeudi à Paris l'opposition de l'UA à l'"intervention militaire extérieure" en Libye et il a également déploré que les Africains n'aient pas été suffisamment consultés par la coalition internationale menée par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne.

"La zone d'exclusion aérienne, grosso modo, l'objectif est atteint. II fallait faire en sorte que Benghazi ne soit pas pris. C'est fait. Quelle est la prochaine étape? Avez-vous une feuille de route? Je vois qu'ils n'en ont pas", a-t-il ajouté.

M. Ping a révélé qu'une rencontre était prévue à Addis Abeba avec des pro-Kadhafi et des anti-Kadhafi pour décréter un cessez-le-feu" en Libye, sans donner les détails de cette réunion.

Jusqu'à présent, l'UA préserve sa réserve vis-à-vis de l'intervention militaire en Libye. Aucun dirigeant africain, y compris M. Ping, n'a participé samedi dernier au sommet international à Paris sur la situation en Libye, suite auquel plusieurs pays occidentaux ont entamé leur opération militaire contre le leader libyen Kadhafi.

La Chine est profondément préoccupée par la situation en Libye et appelle les forces occidentales à éviter plus de morts civils en Libye, a déclaré jeudi à Moscou le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Zhang Zhijun, lors de sa rencontre avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

La Chine insiste toujours sur la protection des civils en Libye et s'oppose à toute action militaire pouvant entraîner des victimes civiles et une catastrophe humanitaire, a rappelé le diplomate chinois, ajoutant que les forces de la coalition occidentale doivent respecter le droit international dans leurs opérations militaires contre la Libye.

M. Lavrov a dit de son côté que les opérations militaires des forces occidentales devraient être menées dans le cadre de la résolution de l'ONU, soulignant que Moscon demandait à l'Occident de faire preuve de la retenue et de protéger les civils.