la place Tahrir a encore vibré de colère contre la révolution confisquée... (Xinhua)

L’Egypte dans l’impasse islamiste

La place Tahrir a de nouveau vibré de colère… des milliers de manifestants s’y sont rassemblés vendredi 25 janvier, scandant les mêmes slogans qui ont rythmé la révolution : «Le peuple veut la chute du régime !» et le désormais célèbre « Dégage ! » qui a fleuri sur les espoirs du « Printemps arabe ».

Deux années après la chute de Moubarak, la revendication n’en reste pas moins forte, de dignité et de justice, qui mobilise les populations des grandes régions urbaines du Caire et de Casablanca, mais pas seulement… A El-Mahalla El-Koubra, les salariés du textile qui furent à l’avant-garde de la révolution avec des grèves répétitives sont revenus à la charge, en révolte contre le salariat de misère qui continue à les plomber dans la pauvreté. C’est eux qui avaient fait tomber «le mur de la peur» contre un régime dictatorial, ouvert la voie à un vaste mouvement de contestation populaire.

Deux années après, l’Egypte est sévèrement confrontée à la baisse sensible de la fréquentation touristique et à la chute des investissements étrangers, plus que jamais dépendante des seules aides conditionnelles du Qatar et de l’Arabie Saoudite, sources financières inépuisables de l’intégrisme islamiste.

L’armée qui a tranquillement tiré son épingle du jeu et continue à gérer ses affaires observe le déchirement de la société, non sans prendre la mesure de l’embarras des islamistes aux commandes, dépourvus du moindre projet de société, mis à part une version confuse de l’application de l’Islam au plan politique et social.

Les Frères musulmans arrivés au pouvoir en exploitant le terreau de la misère dans le monde rural, l’analphabétisme et la foi des pauvres gens, se prévalent d’une Constitution dont les dispositions, adoptées à la hussarde, font peser de lourdes menaces sur les libertés individuelles, collectives et syndicales…

Deux années après la chute de Hosni Moubarak, la place Tahrir piégée remue les cendres de la Révolution et cherche désespérément la clé pour sortir de l’impasse islamiste.