Syndicalistes et militants des droits de l'Homme interdits de rassemblement (DR)

Algérie : la police s'acharne sur les syndicalistes et militants des droits de l'Homme

Une dizaine de syndicalistes et militants des droits de l’homme ont été arrêtés par la police, jeudi à Alger, suite à un rassemblement de soutien à Abdelkader Kherba, militant du Comité national de défense des chômeurs (CNDDC), incarcéré depuis plus d’une semaine à la prison de Serkadji, rapporte le journal El Watan.

Selon la même source, le procureur a requis trois ans de prison ferme à l’encontre de M. Kherba pour "incitation directe à attroupement", "usurpation de fonction" et "entrave au fonctionnement d’une institution" pour avoir participé pacifiquement à une manifestation organisée par les travailleurs du secteur de la justice, afin de revendiquer l’amélioration des conditions de travail...

Parmi les personnes brutalement arrêtées, on trouve Hakim Addad, ancien secrétaire général du Rassemblement action jeunesse (RAJ), Tahar Belabès, porte-parole du Comité national de défense pour le droit des chômeurs (CNDDC), Mourad Tchiko, membre du Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap), Abdou Bendjoudi, l’un des responsables du Mouvement des jeunes indépendants pour le changement (MJIC), et Yacine Zaïd, président de la branche de la LADDH de Laghouat. Tous ont été relâchés après avoir passé la journée entière dans différents commissariats d’Alger, indique El Watan.

"Après nous avoir brutalisés, les agents de la police nous ont emmenés à l’hôpital afin d’établir un certificat médical. Mais au lieu de nous libérer juste après la consultation, nous avons été reconduits jusqu’au commissariat. Il y avait, parmi nous, des citoyens qui sont partis au tribunal pour retirer un casier judiciaire ou assister au procès d’un proche. Ils n’avaient donc aucun rapport avec Abdelkader Kherba ! Ils ont été mis dans le même sac sans comprendre ce qui leur arrivait !", dénonce Hakim Addad, cité par El Watan.

Grève de la faim

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme dénonce "ces nouvelles arrestations arbitraires en ce qu’elles visent à sanctionner le libre exercice du droit au rassemblement pacifique des défenseurs des droits de l’homme".

L'organisation dénonce également "les conditions dans lesquelles se sont déroulées le procès de M. Kherba en ce que ces dernières s’inscrivent en violation avec le principe essentiel de publicité des débats judiciaires, composante essentielle du droit à un procès équitable".

De son côté, la Fondation internationale pour la protection des défenseurs des droits humains, Frontline Defenders, demande aux autorités algériennes d’"assurer la libération immédiate et sans condition de Kherba Abdelkader et d'abandonner toutes les charges contre lui, de pendre toutes les mesures nécessaires afin de garantir l’intégrité physique et psychologique de Kherba Abdelkader pendant sa grève de la faim et de veiller à ce que tous les défenseurs des droits humains en Algérie, exerçant leurs activités légitimes de défense des droits humains, soient en mesure d’opérer sans restrictions ni représailles, y compris le harcèlement judiciaire".

Ces actions de répression et d'atteinte aux droits ont lieu en pleine campagne électorale pour les législatives dont semble se désintéresser la population. Les manifestations d'hostilité à l'égard des candidats des partis au pouvoirs, notamment leurs leaders se multiplient, de même que les actes de vandalisme sur les panneaux d'affichage.