Une histoire de pub...

Après la femme à 1 euro, l'homme à 1 euro, suite de l'affaire Bouscaren...

Diffusée depuis hier à Montpellier, la pub Bouscaren a aussi son penchant masculin. Romain Davignon, le publicitaire de Groupe Alternative, réfute toute assimilation à la prostitution, pendant que Osez le féminisme 34 et Michaël Delafosse s'indignent à leur tour. Médiaterranée fait le point.

Médiaterranée l'avait annoncé : la publicité de l'ECF Bouscaren publiée ce mercredi 29 janvier a fait grincer beaucoup de dents ! Après la publication de notre article évoquant les prémisses d'une stupéfaction généralisée, de nombreuses voix se sont élevées pour s'indigner d'une assimilation de la femme en objet sexuel monnayable à faible coût.

Buzz

Sur la page Facebook de l'ECF Bouscarende nombreuses personnes sont venues dire très vivement ce qu'elles pensaient de cette publicité. A l'image de l'internaute Maryline Bertollo Rey qui a posté ce commentaire lapidaire :

« Votre pub est une honte pour la gente féminine ! »

Comme pour la plupart des autres réactions postées directement sur le ''mur'' de l'ECF Bouscaren, l'auto-école a répondu avec une phrase-type de cette teneur :

« La version masculine existe aussi (voir la page de couverture Facebook). De plus, le sens premier de l'affiche est "avec le permis à 1€ par jour, vous pourriez être libre de prendre n'importe qui en stop" »

Parce qu'il existe également, dans la même trempe, une publicité interdépendante avec la version féminine. C'est une publicité qui présente un homme sans visage, chemise ouverte et plaquettes de chocolat toutes sorties (voir notre photo). Avec le même slogan, décliné donc, cette fois-ci au masculin :

« Vous pourriez le prendre pour 1€/jour... »

Cette publicité au genre masculin se trouve, comme sa version féminine, également présentée dans la ville de Montpellier, depuis hier, sur des panneaux d'affichages de 6 mètres carrés. C'est ce qu'explique, au micro de Médiaterranée, Romain Davignon, le fondateur de Groupe Alternative qui a créé cette publicité pour l'ECF Bouscaren. Voici son premier ressenti sur la polémique déclenchée par la publicité de celle que l'on peut désormais appeler ''la femme à prendre pour 1 euro'' :

« Au final, si on regarde bien, il s'agit d'une petite poignée de féministes qui s'occupe de ça, alors qu'elles feraient bien de s'occuper des femmes qui ne sont pas égales dans le travail, qui n'ont pas le même salaire, qui sont battues... Effectivement là, je pense que ce sont des causes sur lesquelles elles méritent de s'exprimer et sur lesquelles on a besoin de les entendre. Par contre, ce genre de choses, je les trouve d'un ridicule au possible. Mais bon, dans le fond, je les remercie, parce que sans elles, on aurait pas eu autant de visibilité ».

Dans la foulée, Romain Davignon qui travaille depuis 10 ans avec Jean-Louis Bouscaren à la communication marketing de son école de conduite, souligne avoir été « choqué » du fait que sa « créa » ait pu être associée à la « prostitution » :

« Je ne vais pas faire la langue de bois, c'est bien évident qu'on a voulu jouer sur le côté un petit peu drague, un petit peu... Aussi bien pour la femme que pour l'homme, d'ailleurs, parce que ce qui a enflammé les choses, c'est la création sur la femme, celle de l'homme, je n'ai pas vu grands commentaires... (…) Mais parler de prostitution, sincèrement, ça, ça me choque ! Parce que personne, aussi bien au sein de l'agence, qu'au niveau du client et de tous les hommes qui ont vu la pub, personne ne nous a fait allusion à la prostitution. (...) Franchement, mais je trouve ça d'une bêtise humaine et ça montre bien à quel point les gens sont bêtes ».

Et de poursuivre son raisonnement, en réponse à nos questions :

« Est-ce que vous avez déjà vu une prostituée assise sur une valise avec le pouce levé ? Si vous en avez vue une, prenez-là en photo et montrez là-moi ! (…) C'est quand même dommage qu'en 2014, on se retrouve avec des personnes qui veulent censurer des publicités qui suggèrent... Oui, c'est une fille mignonne, bien entendu, mais oui c'est un beau mec avec des belles tablettes de chocolat, oui forcément ! (…) J'aurais fait une pub sur Bouscaren avec la diversité, j'aurais oublié une race ethnique, j'aurais eu la race oubliée qui m'aurait dit : ''oh là là, vous nous avez oubliés, vous êtes racistes'', mais c'est fou, on ne peut plus rien dire, on ne peut plus rien faire, c'est hallucinant ! »

Avant de conclure, après quelques dissertions :

« Je suis le premier à dire que l'homme et la femme sont égaux, j'aurais même tendance à dire que des fois, la femme est plus mature que nous sur beaucoup de sujets. Mais là franchement... Pour moi, ces gens vont nous amener dans une société de dictature et pour moi, elles pensent qu'elles ont le monopole de la bonne pensée, pour moi elles ont le monopole de la bêtise ».

Chacun et chacune appréciera ces propos à leur juste valeur. Ce qui est sûr, c'est que l'élu montpelliérain Michaël Delafosse a lui aussi pris position publiquement sur les réseaux sociaux, en postant notamment cette phrase de statut Facebook :

« La publicité sexiste pour l'obtention du permis de conduire que l'on découvre dans la presse locale est franchement de très mauvais goût. Il serait intelligent, respectueux et urgent de la retirer au plus vite »

L'association Osez le féminisme 34 a elle-aussi dénoncé cette publicité en diffusant un communiqué de presse consultable ici. Et du côté de Midi Libre qui a diffusé hier cette publicité en couverture d'un supplément, un représentant du personnel explique que la rédaction n'a pas eu le temps de se mobiliser contre la publication de cette publicité, mais qu'elle ne cautionne en rien l'aspect « sexiste » de la chose...

Trauma

Finalement, il semble bien que pour tout le monde, des créateurs jusqu'aux consommateurs, cette publicité ne sera plus qu'un bon souvenir, lorsqu'elle ne sera plus sous les feux des projecteurs... Elle restera cependant toujours dans l'histoire de la pub ! Et comme le souligne le site Arrêt sur imageelle n'est finalement qu'une resucée, dans son contenu photographique, d'une agence qui vend des bases de données de ce type. A méditer, encore et toujours !