Forum mondial de l'eau : l'ONU appelle à une amélioration de la gestion face à la demande croissante

La demande en eau n'a jamais été aussi importante et cette ressource vitale, qui joue un rôle crucial dans le développement et la croissance économique, doit être gérée d'une manière plus optimale, ont indiqué les Nations Unies dans un rapport sur le développement des ressources mondiales en eau.

La troisième édition de ce rapport, intitulée "L'eau dans un monde changeant", a été publiée lundi lors du cinquième Forum mondial sur l'eau, qui se déroule actuellement à Istanbul, plus grande ville de Turquie.

Le rapport présente une évaluation globale des ressources en eau douce de notre planète et de l'accès à l'eau potable.

Le système sanitaire demeure insuffisant dans la plupart des pays en développement, et quelque cinq milliards de personnes, soit 76% de la population mondiale, pourraient ne pas voir leur accès aux installations sanitaires s'améliorer d'ici 2030, selon le rapport.

Une demande croissante en eau

Selon le rapport, la demande en eau n'a jamais été aussi importante qu'aujourd'hui, en raison de la croissance mondiale et de la mobilité des populations, de l'augmentation du niveau de vie, de l'évolution des habitudes de consommation alimentaire et de la croissance de la production énergétique, notamment celle des biocarburants.

La population mondiale, estimée aujourd'hui à 6,6 milliards de personnes, augmente à un rythme annuel d'environ 80 millions de personnes, ce qui signifie que la demande en eau douce augmente de 64 milliards de mètres cubes chaque année.

La croissance démographique a fait de l'agriculture le premier consommateur d'eau, représentant 70% de l'ensemble de la consommation mondiale d'eau, contre 20% pour l'industrie et 10% pour les utilisations domestiques. Selon le rapport, la demande en eau dans l'agriculture à l'échelle mondiale passera de 70 à 90% d'ici 2050.

Une autre raison expliquant la croissance de la demande en eau réside dans les changements de mode de vie et des habitudes alimentaires ces dernières années. On constate notamment une hausse de la part de la viande et des produits laitiers consommés dans les pays émergeants. La production d'un kilo de blé a besoin de 800 à 4 000 litres d'eau, alors que celle d'un kilo de viande utilise 2 000 à 16 000 litres.

La production de biocarburants, qui exige d'importantes quantités d'eau et d'engrais pour cultiver les plantes, a également augmenté de manière significative ces dernières années. La production d'éthanol, par exemple, qui a triplé entre 2000 et 2007 avant d'atteindre 77 milliards de litres en 2008, devrait s'élever à 127 milliards de litres d'ici 2017.

Le rapport met en garde sur le fait que le réchauffement planétaire intensifiera et accélérera le cycle hydrologique mondial, ce qui conduira à une augmentation des taux d'évaporation et de précipitation. D'ici 2020, 75 à 250 millions d'habitants de la planète devraient souffrir de pénurie d'eau en raison du changement climatique.

Nécessité d'une amélioration de la gestion de l'eau

Selon le rapport, il est primordial d'améliorer la gestion de l'eau. Les décideurs politiques doivent intégrer leurs stratégies de gestion des ressources en eau dans leurs plans de développement.

La résolution des questions clefs liées à l'eau exigent des efforts des décideurs de tous les secteurs, dont l'agriculture, l'énergie, les échanges commerciaux et les finances, car ils ont un impact décisif sur la gestion de l'eau. Les partenariats entre gouvernements, secteur privé et société civile sont également importants.

"Le rapport met en garde sur le fait que nous sommes confrontés à une pénurie d'eau", a indiqué Koichiro Matsuura, directeur général de l'Unesco.

"Avec la multiplication des pénuries, la bonne gouvernance est plus que jamais nécessaire dans la gestion de l'eau. La lutte contre la pauvreté dépend aussi de notre capacité à investir dans cette ressource", a déclaré M. Matsuura.

Le cinquième Forum mondial sur l'eau se déroule du 16 au 22 mars à Istanbul sous le thème "Combler les fossés de l'eau", réunissant un nombre record de 28.000 délégués du monde entier, avec pour objectif de trouver des solutions aux problèmes liés à l'eau et de promouvoir la coopération entre les Etats et les organisations dans ce domaine.

Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l'eau, a invité tous les décideurs politiques du monde à assumer leur responsabilité pour le développement durable des ressources en eau.