Algérie: les conseils tardifs et inutiles du FMI

Le gouvernement croit avoir trouvé dans l’administration de l’importation une partie de la solution à la crise financière. Le remède semble si efficace : le déficit commercial a baissé de deux milliards de dollars pour les deux premiers mois de l’année, c’est-à-dire pendant tout ce temps où il a hésité sur la liste des produits soumis à quotas et sur les dimensions de ces quotas !

En fait, les importations ont plutôt augmenté, de très peu, mais  le prix du baril ayant renchéri, passant au dessus la barre des cinquante dollars durant cette période, le déficit a diminué d’autant. Le gouvernement continue à s’accrocher à la solution des quotas et des autorisations d’importation. Sans arriver à en déterminer la posologie. La tentation est grande, comme le préconise le ministre du Commerce, de soumettre tous les produits à cette nouvelle « organisation » des importations.

C’est le moment choisi par le FMI pour lui rappeler que l’Algérie vit une crise de système : l’Algérie a moins d’argent à dépenser et son activité économique et sa croissance, dépendantes de la dépense publique, sont ralenties du fait de la diminution de cette dépense. L’activité et la croissance baisseront d’autant et l’inflation et le chômage augmentent.

Le Fonds Monétaire, si complaisant au temps des vaches grasses, se fait alarmiste. « Il convient d’agir sans tarder, car il faut un certain temps pour que les réformes structurelles produisent leurs effets », menace-t-il.

La recette est classique : privatiser ce qui reste de privatisable, ouvrir le pays à l’investissement extérieur, emprunter et continuer à dévaluer le dinar.

Dans le cas algérien se dévoile la vanité conseillère de l’institution monétaire internationale dans la défense des intérêts socio-économiques des peuples: pendant les quinze ans de gabegie, le FMI ne tarissait pas de compliments pour la qualité de la gestion des finances publiques de l’Algérie ; il en a même profité pour lui soutirer un surplus de capital. Et maintenant que le pays menace de faillir, le Fonds se répand en recommandations pour rappeler le gouvernement à « l’orthodoxie financière et monétaire».

Au demeurant, à quoi sert-il de conseiller « une équipe qui, incapable de gérer l’opulence, veut gérer la pauvreté », comme vient de l’écrire l’ancien premier ministre Ahmed Benbitour?

M.H