Éric Zemmour. La justice clôt un long feuilleton : condamnation définitive pour provocation à la haine
La Cour de cassation a rejeté les derniers pourvois de l’ancien polémiste d’extrême droite, entérinant définitivement sa condamnation pour complicité de provocation à la haine à l’encontre de mineurs isolés. Une issue qui constitue une victoire de la loi face à la banalisation du discours raciste.
La plus haute juridiction française a mis un terme aux recours au patron du parti Reconquête!, confirmant ainsi qu’il devra payer 10 000 € d’amende pour des propos tenus en septembre 2020 sur la chaîne CNews, visant des mineurs étrangers isolés. Selon les juges, ces déclarations — « ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs » — excèdent « les limites admissibles à la liberté d’expression » du fait de leur « violence » et de leur «généralité». La condamnation pour diffamation concernant un avocat, également attaquée, a elle aussi été confirmée.
Cette décision n’est pas un simple épisode judiciaire : c’est le retour du droit — de la dignité — contre la parole haineuse. Zemmour, personnalité publique connue pour ses prises de position xénophobes et anti-immigration, ne pourra plus invoquer l’appel ou la cassation pour échapper à la responsabilité de ses mots. La justice s’applique enfin de façon cohérente, rappelant qu’un débat sur l’immigration ou l’asile ne peut justifier la stigmatisation collective d’individus en raison de leur origine, de leur âge ou de leur statut.
Les discours racistes à l’abri des écrans et des micros
Avec cette condamnation définitive, s’envole une partie de l’impunité des propos racistes portés à grande audience — mais l’enjeu reste immense. À l’approche d’échéances électorales, le paysage médiatico-politique s’annonce saturé de promesses, de peurs et d’identitarisme : il faut espérer que cette décision serve d’exemple. Que cette condamnation pèse comme un garde-fou, dissuadant celles et ceux qui, à l’abri des écrans et des micro, cultivent division, rejet et peur de l’étranger.
Car en France, depuis plusieurs années, la parole raciste s’est banalisée — non seulement tolérée, mais encouragée, relayée, amplifiée. Et trop souvent, portée par des médias à forte audience appartenant à des milliardaires, ces discours sont devenus un instrument de normalisation du rejet. Cette décision de justice rappelle que des limites doivent s’imposer : la dignité humaine ne se négocie pas.
Reste à voir si l’effet dissuasif sera durable. Si la leçon sera entendue. Et si, enfin, le débat public peut redevenir un espace de raison plutôt que de peur. La décision de la Cour de cassation n’est pas seulement la condamnation d’un homme, mais un signal adressé à tous ceux qui alimentent la haine : en démocratie, les mots ont un prix — et des conséquences.