Après le clash entre Booba et Kaaris, Arash Derambarsh a accepté de répondre aux questions de Médiaterranée, six mois après sa prestation de serment. (DR)

Interview avec Arash Derambarsh, l’avocat engagé

Du symbole de la lutte contre le gaspillage alimentaire au barreau de Paris, Arash Derambarsh est aussi élu à Courbevoie. Avocat dans des affaires médiatiques comme celles de pédophilie à Arcachon, Leonard Trierweiler, l’homonyme d’Alexandre Benalla ou, encore, de Kaaris face à Booba, il a pour modèle Condorcet, Robert Badinter ou encore Cesare Beccaria.

Après le clash entre Booba et Kaaris, il a accepté de répondre aux questions de Médiaterranée, six mois après sa prestation de serment. Entretien…

Arash Derambarsh, vous êtes docteur en droit et vous avez prêté serment le 3 février 2018. Il y a donc six mois. Quelles ont été vos premières impressions ?

« C’était une journée inoubliable, le plus beau jour de ma vie ! Maître Nathalie Attias, membre du conseil de l’Ordre des Avocats de Paris, a officié une superbe cérémonie. J’y ai retrouvé des amis de longue date, des membres de ma famille, des anciens camarades de classe… J’en ai pleuré de joie.

On vous connaissait élu dans la ville de Courbevoie, à l’origine de la loi contre le gaspillage alimentaire, éditeur aux éditions du Cherche Midi. Être avocat, c’était un rêve d’enfant ?

Oui, c’était un rêve, une vocation d’enfant, dans la continuité de tout le reste au final. Aujourd’hui, je suis resté dans l’univers de l’édition, mais en tant qu’avocat. Je suis devenu mandataire littéraire par exemple. Cela me permet de représenter des auteurs et de les faire signer dans des maisons d’édition notamment.

En six mois, vous avez déjà travaillé sur de nombreux dossiers, pouvez-vous nous les détailler ?

J’ai eu en effet de nombreux dossiers, notamment au niveau du pénal, ma formation de base. J’ai rapidement décidé de soutenir la cause de défense des enfants via l’association "Innocence en danger", la grande association mondiale luttant contre la cybercriminalité et la pédocriminalité. Cette association est présidée par Homayra Sellier qui fait un travail formidable. J’y ai rencontré des confrère et consœurs que j’admire comme Marie Grimaud.

C’est pour cette raison que j’ai accepté d’être l’avocat des victimes dans l’affaire dite "d’Arcachon". Des enfants de trois ans ont été victimes d’actes atroces de pédophilie. Le magistrat avait qualifié la plupart des faits en "agression sexuelle". Avec mon confrère Maître Thierry Vallat, nous nous efforçons donc à demander la requalification de tous ces actes en viol. Nous avons bon espoir de rendre la dignité à toutes ces familles. Je suis également devenu mandataire sportif où je m’occupe de sportifs de haut niveau. Et enfin, je suis passionné par le droit de la propriété intellectuelle.

Vous êtes également l’avocat dans des affaires médiatiques comme Leonard Trierweiler, l’homonyme d’Alexandre Benalla ou encore Kaaris récemment. Comment est-ce possible en si peu de temps ?

Chacune de ces affaires ont leur importance mais ne sont pas à classer de la même façon. Concernant Leonard Trierweiler, il y a une grande injustice. Avec ma consœur Maître Elise Arfi, nous avons décidé d’aider Leonard qui a été victime d’une injustice : le traitement qu’il a eu a été clairement disproportionné au regard des faits qu’on lui reproche. Il est jeune, c’est un futur grand chef et c’est un garçon d’une profonde politesse et gentillesse. Chacun peut faire des erreurs. Mais la justice ne doit pas écraser, ni humilier ! Concernant l’homonyme d’Alexandre Benalla, il y a une situation choquante : le harcèlement 2.0. Juste après la publication de l’affaire par Ariane Chemin dans le journal "Le Monde", beaucoup ont cherché le profil d’Alexandre Benalla sur Facebook. Et beaucoup sont tombés sur le profil d’un anonyme en pensant que c’était le bon profil. Cette personne a été victime d’injures très graves, souvent à caractère homophobe.

Enfin, pour vous parler de l’affaire Kaaris / Booba sur laquelle vous me questionnez, voici les faits : une bagarre éclate le mercredi 1er août à l’aéroport d’Orly. Les images de vidéo surveillance montrent bien que le rappeur Kaaris a été agressé par la troupe de Booba, de son vrai nom Élie Yaffa.

Je suis le premier avocat à voir Kaaris en garde à vue, à l’écouter et à l’assister à l’audition préliminaire. J’ai assisté aux deux premières journées de garde à vue et j’ai décidé d’aller en première ligne pour le défendre comme on a pu le voir par exemple sur LCI ou BFM TV  Ce qui est important de prouver, c’est que Kaaris s’est battu en situation de légitime défense, il a été agressé. Et donc, il va de soi que les agressions ne sont pas de son côté, mais de celui de Booba et de son équipe. La vidéosurveillance prouve l’innocence de Kaaris !
De plus, je tiens à préciser que Kaaris n'a vraiment pas de temps à consacrer aux polémiques, encore moins à la bagarre. Il suffit de s’en référer à son agenda chargé de cet été, entre ses concerts et la sortie du film "Lukas" où il joue aux côtés de Jean-Claude Van Damme et Sami Bouajila dans un film réalisé par Julien Leclerc et produit par Julien Madon. Kaaris est un homme concentré sur sa carrière. C’est un père de famille modèle qui n’a jamais eu la volonté de troubler l’ordre public, mais seulement celle de rendre heureux ses fans. Cette histoire est une grande injustice et je pense très fort à lui, ainsi qu’à sa compagne Linda.

Kaaris est en effet actuellement en prison, comme Booba et leurs acolytes que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

 

En effet Booba est à Fleury avec ses amis et Kaaris est à Fresnes avec ses amis. Concernant Kaaris, c’est une injustice, ils se retrouvent tous en détention provisoire en attendant le procès de septembre.

Quels genres d’affaires sont les plus anxiogènes, les plus compliquées pour un avocat ?

Pour moi, ce sont les affaires de violences conjugales. En effet, la justice ne va jamais à la même vitesse que la souffrance de la victime. En grande majorité, ce sont les femmes qui sont prisonnières de pervers narcissiques qui aiment tout contrôler.

Quels sont les avocats que vous admirez dans cette profession ?

Il y en a beaucoup, comme Emmanuel Pierrat, Eric Dupond Moretti, Christian Saint-Palais, Jean-Yves Le borgne, Yassine Bouzrou, Ardavan Amir Aslani ou encore Francis Szpiner. Je tiens aussi à rendre hommage aux bâtonniers, chefs du Conseil de l’Ordre de Paris, Marie-Aimée Peyron et Basil Ader.

Dernière question : on dit que des avocats courent derrière l’argent à tout prix, notamment du fait qu’ils refusent l’aide juridictionnelle, est-ce votre cas ?

Non, bien évidemment, j’accepte l’aide juridictionnelle et je ne suis pas le seul, bien sûr. Beaucoup d’avocats ont des idéaux et sont altruistes. Personnellement, je me suis toujours battu pour aider les plus faibles, c’est donc tout naturellement que je poursuis ce chemin. Et cela me permet d’aider le plus grand nombre. Le métier d’avocat est une passion, ma passion. Et c’est un honneur de l’exercer »