Aéroport de Nice : un policier écroué pour corruption, soupçonné d'avoir facilité le passage de mules pendant cinq ans
Un fonctionnaire de la police aux frontières (PAF) de l'aéroport de Nice a été mis en examen et placé en détention provisoire vendredi 12 décembre. L'enquête, conduite par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), révèle l'un des cas de corruption policière les plus graves de ces dernières années en France. Cette affaire s'inscrit dans un contexte où le narcotrafic ne cesse de gagner du terrain sur le territoire national.
1 000 euros par passage
Le policier est soupçonné d'avoir facilité le passage de « mules », ces passeurs recrutés par les réseaux criminels pour transporter de la drogue dans leurs bagages ou dissimulée dans leur estomac, une technique appelée « in corpore ». Selon les éléments de l'enquête, ce système aurait fonctionné sur instructions de narcotrafiquants originaires des pays de l'Est, moyennant une rémunération de 1 000 euros par passage frauduleux.
Les investigations menées par la police judiciaire de Nice indiquent que ce trafic aurait perduré pendant cinq années consécutives, de 2019 à 2024. L'agent mis en cause était déjà dans le viseur des services pour des soupçons antérieurs de corruption. Durant cette période, des dizaines, voire des centaines de mules auraient pu transiter par l'aéroport Nice Côte d'Azur, l'un des plus fréquentés de France avec près de 14 millions de passagers annuels.
Un second policier bientôt convoqué
L'affaire ne s'arrête pas là. Un second fonctionnaire de la PAF, également impliqué dans ce réseau, sera prochainement convoqué par la justice. L'ampleur exacte de leur implication reste à déterminer, mais les enquêteurs n'excluent pas que d'autres agents aient pu bénéficier de ce système.
Fait notable : ce système corruptif aurait continué à fonctionner malgré une première vague d'arrestations en 2020. Ces interpellations avaient été rendues possibles grâce à l'infiltration de Sky ECC, une messagerie cryptée alors prisée du grand banditisme international. Entre 2019 et 2021, une enquête européenne coordonnée entre la France, la Belgique et les Pays-Bas avait permis de démanteler cette application qui comptait 171 000 utilisateurs dans le monde. L'opération avait conduit à l'interception de près d'un milliard de messages et à plus de 1 000 condamnations en Europe.
Si les faits reprochés aux deux policiers sont confirmés, cette affaire constituera l'une des atteintes les plus sérieuses à l'intégrité des forces de l'ordre françaises, rappelant que la lutte contre les réseaux de trafic de drogue passe aussi par l'assainissement des institutions. L'instruction se poursuit. D'autres interpellations ne sont pas exclues dans les prochaines semaines.