Des milliers d’empreintes de dinosaures découvertes dans les Alpes italiennes : un trésor géologique avant les JO d’hiver de 2026
Les montagnes qui accueilleront dans quelques mois les Jeux olympiques d’hiver viennent de livrer un tout autre spectacle : celui des dinosaures. Dans le massif des Dolomites, non loin de Cortina d’Ampezzo, les géologues de l’université de Trieste ont révélé l’existence d’un site paléontologique d’une ampleur inédite : plus de 20 000 empreintes fossilisées, parfaitement conservées dans la roche. Les traces dateraient de 210 millions d’années, à la toute fin du Trias, lorsque cette zone était encore une plaine côtière battue par les marées.
«Nous savions que la région abritait quelques traces isolées, mais jamais nous n’aurions imaginé une telle densité», confie la paléontologue Elena Bianchi, qui dirige les fouilles depuis 2023. « Chaque pas de ces animaux raconte un instant de vie, un fragment de mouvement figé dans le temps. »
Les empreintes, certaines longues de près de 40 centimètres, ont été retrouvées sur plusieurs couches sédimentaires superposées, formant une véritable carte de déplacements préhistoriques. Les chercheurs y ont identifié des herbivores du groupe des prosauropodes et plusieurs carnivores bipèdes, ancêtres lointains des théropodes.
Un patrimoine naturel au cœur des montagnes olympiques
La découverte tombe à un moment symbolique. À quelques kilomètres à peine, les infrastructures des Jeux olympiques d’hiver de 2026 sont en cours de finalisation. Les autorités locales envisagent déjà de protéger et valoriser le site comme espace muséal en plein air, intégré au futur parcours touristique des Dolomites.
« C’est une chance unique de concilier science, culture et tourisme durable », estime Marco De Luca, responsable du patrimoine naturel de la région de Vénétie. « Nous voulons que ces traces deviennent un symbole de continuité entre passé lointain et avenir écologique. »
Les premières images diffusées par le ministère italien de la Culture montrent une succession d’empreintes imbriquées, comme si les animaux avaient marché hier. Certaines pistes s’étendent sur des dizaines de mètres, dessinant le passage d’un troupeau traversant une lagune ancienne.
Cette découverte majeure s’ajoute à d’autres trouvailles paléontologiques récentes dans le bassin méditerranéen, comme la mise au jour de fossiles marins près de Carcassonne, étudiée dans cet article sur les vestiges du Crétacé découverts dans l’Aude, ou encore les empreintes de reptiles préhistoriques retrouvées en Provence. En Italie, le précédent site d’importance comparable remontait à la découverte du Monte Pelmo dans les années 1990, où une vingtaine d’empreintes avaient déjà suscité l’intérêt des paléontologues européens.
Au-delà de l’émotion scientifique, les chercheurs soulignent la fragilité du lieu. L’exposition aux intempéries menace la conservation des fossiles, désormais protégés sous une bâche temporaire en attendant la construction d’un abri permanent. Un centre de recherche et d’interprétation est à l’étude pour 2026, avec l’appui de l’université de Padoue et de plusieurs musées régionaux.
« Ce n’est pas seulement un trésor scientifique : c’est un rappel que ces montagnes ont une mémoire bien plus ancienne que l’humanité », souligne Elena Bianchi.
À travers cette découverte, l’Italie renforce son statut de carrefour entre patrimoine naturel, histoire géologique et modernité. Dans les Dolomites, la piste des dinosaures s’inscrit désormais à côté de celles des champions.