Maroc : le marché immobilier en quête d’un nouvel équilibre face à la hausse du crédit
Au Maroc, l’année 2025 se clôt sur une situation contrastée pour le marché immobilier. Si le secteur reste loin d’une crise ouverte, il montre des signes de ralentissement perceptibles, notamment dans les grandes agglomérations. La hausse progressive des taux d’intérêt bancaires, amorcée dès 2024, commence à peser sur la demande. Pour de nombreux ménages, en particulier les primo-accédants, le rêve de propriété devient plus difficile à concrétiser. Le coût du crédit, associé à la stagnation des revenus, redessine en profondeur les dynamiques du marché.
Des taux plus élevés, une demande plus prudente et un marché qui s’adapte
Les chiffres publiés par Bank Al-Maghrib confirment la tendance : les taux moyens des prêts immobiliers dépassent désormais 5 %, contre 3,8 % il y a deux ans. Ce décalage a un impact direct sur la capacité d’achat. Dans certaines villes comme Casablanca et Marrakech, les volumes de transactions ont reculé de près de 15 % au premier semestre 2025. Les notaires évoquent une « prudence nouvelle » de la part des acheteurs, qui préfèrent attendre un éventuel réajustement des taux ou des prix avant de s’engager.
Pour les promoteurs, l’heure est à l’adaptation. Certains revoient leurs programmes pour proposer des logements plus compacts ou à prix maîtrisés, tandis que d’autres misent sur des offres de financement internes, en partenariat avec les banques. Le segment du haut de gamme, notamment à Tanger ou Rabat, résiste mieux grâce à une clientèle internationale toujours présente et moins dépendante du crédit. En revanche, le marché du logement moyen subit une contraction inquiétante, symbole d’un pouvoir d’achat en tension.
Les experts soulignent également la montée des ventes dans l’ancien, souvent perçu comme une alternative plus accessible que le neuf. Dans les quartiers périphériques, les biens nécessitant des travaux attirent les jeunes ménages, désireux de contourner la hausse des prix du neuf et les exigences de financement. Cette tendance participe à la redynamisation de certains quartiers délaissés, mais reste limitée par la faiblesse de l’offre locative et les lenteurs administratives pour les rénovations.
Le gouvernement marocain, conscient des signaux de tension, multiplie les initiatives pour soutenir la demande : programmes d’aide à l’accession, subventions ciblées pour le logement social, incitations fiscales pour les promoteurs. Toutefois, ces mesures peinent à compenser la contraction du crédit et la hausse du coût de la vie. Le défi, pour les autorités, sera de maintenir un équilibre entre régulation bancaire prudente et soutien à la solvabilité des ménages.
En définitive, le marché immobilier marocain entre dans une phase d’ajustement, marquée par la recherche d’un nouvel équilibre entre offre, demande et financement. Si le contexte reste incertain, il offre aussi une opportunité : celle de repenser la politique du logement pour la rendre plus résiliente et mieux adaptée aux réalités socio-économiques du pays. L’année 2026 pourrait être celle d’un redémarrage, à condition que la confiance revienne et que les acteurs publics et privés unissent leurs efforts pour préserver un secteur clé de l’économie marocaine.