Italie : le réveil spectaculaire de l’Etna entre fascination et inquiétude
Depuis le week-end de Noël, l’Etna est de nouveau en éruption. Le plus haut volcan actif d’Europe a embrasé le ciel sicilien, mêlant beauté saisissante et inquiétude sourde pour les habitants et les touristes.
Sur les pentes enneigées de la Sicile, le spectacle est à la fois apocalyptique et irréel. Des fontaines de lave jaillissent du cratère Nord-Est, éclairant les flancs de la montagne comme un immense brasier. L’Institut national de géophysique et de volcanologie (INGV) a confirmé que ce cratère, silencieux depuis près de 28 ans, est à nouveau en activité. En quelques jours, les images spectaculaires ont fait le tour du monde, entre fascination scientifique et émotions partagées.
À Catane et Taormina, la fine poussière de cendres recouvre les rues, les voitures, les terrasses de café. L’aéroport international de Catane-Fontanarossa a dû réduire son trafic, perturbant le retour des vacanciers de fin d’année. Les autorités italiennes ont diffusé une alerte invitant les touristes à la prudence, tout en évitant toute panique : « L’activité est impressionnante, mais sous surveillance », précisent les volcanologues.
Ce réveil de l’Etna rappelle que la Sicile vit au rythme du volcan. Le géant de feu, culminant à plus de 3300 mètres, n’est pas seulement un risque naturel : il est aussi une force identitaire, un repère culturel et économique. Autour de ses flancs, le tourisme volcanique s’est développé, mêlant curiosité scientifique et quête de sensations. L’affluence reste forte malgré les consignes de vigilance, un phénomène déjà observé lors de précédentes phases éruptives comme celle de 2021.
Entre beauté fragile et menace latente
Cette éruption d’hiver, sur fond de neige et de lave rougeoyante, offre une image presque mythologique. Les vidéos tournées depuis les stations de ski d’Etna Sud montrent des skieurs dévalant les pistes tandis qu’au loin les gerbes de feu se mêlent aux nuages. Une scène qui illustre toute l’ambivalence du volcan : source de vie et de danger, décor de cartes postales et rappel brutal de la puissance terrestre.
Les habitants, eux, oscillent entre fierté et inquiétude. Beaucoup parlent d’un « spectacle qu’on ne se lasse jamais de voir », tout en redoutant les chutes de cendres qui étouffent les cultures et encrassent les toits. Pour les scientifiques, cette phase éruptive est une occasion rare d’observer l’activité interne du volcan. Les capteurs de l’INGV enregistrent une hausse de la sismicité et des émissions de gaz, mais sans signe de menace imminente pour les zones habitées.
Au-delà du spectacle naturel, cette irruption rappelle la résilience des Siciliens, habitués à vivre sous la tutelle du géant. Comme lors de l’impressionnante éruption de 2015, l’Etna démontre que la beauté méditerranéenne s’accompagne toujours d’une dose d’incertitude. Dans ce contraste entre feu et neige, peur et émerveillement, la Sicile retrouve ce lien ancien et indéfectible avec sa montagne vivante.
Alors que la nouvelle année approche, les habitants espèrent que le volcan se calmera, au moins pour un temps. Mais en Sicile, nul ne doute que l’Etna, un jour ou l’autre, rappellera à tous qu’il reste le maître incontesté de l’île.