Fillon envisage de pulvériser la Sécu... (DR)

François Fillon, candidat de la droite, tente de rassurer sur son programme santé

Vainqueur au deuxième tour de la primaire de la droite et du centre qui s’est tenu dimanche 28 novembre, François Fillon continue à faire l’actualité. Le candidat à la présidence a installé mardi ses hommes à la tête du parti. Mais c’est surtout son programme qui est désormais passé au crible, notamment dans le secteur de la santé.

Lors du débat avec son rival, Alain Jupé, Fillon avait clairement affirmé son intention de réduire le champ d’application de la sécurité sociale à « un panier de soins » qui reste à déterminer. Hors de celui-ci, les couvertures de frais de santé relèveront des mutuelles et des établissements d’assurance. Autant dire une médecine à deux vitesses. Un coup dur en perspective pour les millions de foyers aux revenus modestes. La gauche y voit une régression, le Front national se sert de cette menace sur la Sécu pour tenter de piocher dans l’électorat acquis au nouveau leader de la droite. Aussi, François Fillon s’empresse-t-il désormais de rassurer, d’autant que son programme de santé est aussi radical que difficile à mettre en œuvre, selon des observateurs du secteur.

« Toutes les personnes qui doivent être protégées, qui ont des revenus modestes ou moyens, ne seront pas moins bien remboursées » pour leurs frais de santé, a promis le candidat à la présidentielle lundi 28 novembre soir sur France 2.

Dès vendredi, sa porte-parole santé, la généticienne Dominique Stoppa-Lyonnet, expliquait au journal Les Echos que « tous les éléments de son programme dont la santé » seraient remis « sur le métier ».

Encensé par les médias…

Dans les faits, les maladies graves et chroniques sont déjà mieux remboursées par la Sécu que les soins courants. Mais la « distinction petit risque/gros risque », qui revient régulièrement dans le débat, est « inepte » assure de son côté Frédéric Pierru, chercheur en sciences sociales et politiques au CNRS, cité par l'AFP.

Faire reposer les soins courants sur les complémentaires entraînera en outre des inégalités, les coûts des contrats augmentant non pas avec les revenus mais avec l'âge, souligne M. Pierru. « C'est à la fois non pertinent et infaisable politiquement », notamment parce qu'il (Fillon, NDLR) ne devrait pas récolter les faveurs des retraités, estime-t-il.

La santé devient ainsi d’ores et déjà un enjeu essentiel de la campagne des présidentielles. En révélant son intention de s’attaquer à la Sécu, noyau dur du modèle social français, Fillon prend à coup sûr un mauvais départ même si les médias continuent à l’encenser, certains qu’il va l’emporter en mai 2017.