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Afghanistan : la mort de 76 civils, des femmes et des enfants, un dommage collatéral

La mort récente des dix soldats français en Afghanistan a suscité une grande émotion. Le chef de l’Etat s’est rendu sur place le lendemain même de l'évènement pour se recueillir devant une chapelle ardente. Un hommage national a été rendu aux jeunes militaires tués. La presse française est longuement revenue sur l’embuscade, déroulant jusqu’au film des opérations. La présence des troupes a provoqué des réactions dans la classe politique française et un débat est ouvert au Parlement.

  

Quelques jours à peine après les pertes militaires françaises, les bombes de la coalition ont écrasé 76 civils afghans, des femmes et des enfants pour l’essentiel. Cet événement passera quasiment inaperçu.

Radios et télés se contenteront de redonner lecture d’une dépêche d’agence, aussitôt suivie des réactions du commandement de la coalition, mettant en doute ce massacre et promettant vaguement une enquête sur le sujet.

Les innocents décimés ne méritaient visiblement pas plus aux yeux des médias français. On se passera de commentaires, d'avis d’experts militaires, de liaisons en directe avec le terrain. Dans cette guerre qui n’en finit pas, tous les cadavres n’ont pas la même valeur. Tout se passent comme si cette bavure est dans l’ordre des choses. Un incident collatéral en somme, qu'il importe tout juste de signaler.

La mort de civils est en effet courante dans cette guerre qui n'en fini plus. Au cours des quatre premiers mois de l’année 2008 seulement, pas moins de 500 ont été tués, dont 200 par les forces internationales selon les chiffres communiqués mi-mai par un rapporteur spécial de l’Onu. Mais cette bavure-là est la plus meurtrière depuis l’intervention et le renversement du régime des talibans en 2001.

La coalition internationale qui espère lutter contre le terrorisme en menant une guerre totale contre les talibans se trompe incontestablement sur toute la ligne. La position de ces derniers est considérablement renforcée. Et le gouvernement Afghan est discrédité et affaibli.

L’enlisement des forces de l’Otan est devenu destructeur, les civils en paient le plus lourd tribu. Il faut espérer que le débat ouvert en France débouchera sur une remise à plat des conditions d’intervention. Que les Etats-Unis ne soient plus les seuls à en dicter les règles, et que l'intérêt et les besoins des populations afghanes surtout soient placés au premier plan.

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