Afghanistan : un redoutable bourbier pour Barack Obama
C’est le cycle ininterrompu de l’horreur. Quand ils échappent aux kamikazes talibans, les civils afghans n’en risquent pas moins de tomber sous le feu des forces internationales. Les frappes aériennes effectuées par ces dernières dans la nuit de jeudi à vendredi, supposées cibler deux camions citernes d'essence dans le nord du pays, ont encore une fois décimé des dizaines de civils. Le secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen peut toujours annoncer l’ouverture d’une enquête et promettre plus de protections aux populations, cette nouvelle bavure révèle encore une fois l’absurdité meurtrière de la stratégie déployée en Afghanistan.
Bilan des ces huit années d’expéditions militaires : les talibans sont plus forts que jamais. « Ils ont pris le dessus » avouait récemment devant la presse le général Stanley McChrystal à la tête des troupes occidentales. Le pouvoir Afghan est miné par la corruption, la société est sous la coupe des trafiquants d’opium et des chefs de tribus, et les populations civiles comptent leurs morts.
Les têtes pensantes de l’organisation transatlantique sont évidement bien conscientes de l’ampleur de cet échec, du caractère totalement improductif de cette stratégie de présence militaire sans cesse renforcée. Ils n’hésitent pas pour autant à exiger l’envoi de troupes supplémentaires. Tout indique finalement que cette guerre aveugle contre la pieuvre Al-Quaïda dans les terres brûlées d’Afghanistan semble être partie pour durer encore de longues années. Dix, vingt, trente ou quarante ans… de l’avis même de chefs d’armée de l’OTAN.
L’implantation durable des américains dans une région stratégique est à l’évidence le seul résultat recherché. Ce «front Afghan» figure d’ailleurs parmi les priorités de Washington, alors même que l’opinion publique y est de plus en plus opposée. Sous pression des militaires, Barack Obama met ainsi sûrement les pieds dans un redoutable bourbier.