Alerte ! Quelque chose ne tourne pas rond au pays des horloges

Une bête immonde lève la tête en Suisse, se secoue et surf allègrement sur les vagues d’un populisme nauséabond. Les Suisses ont voté dimanche à une majorité écrasante de 57,5% l'interdiction des minarets à l'appel de la droite populiste, qui dénonce un «symbole politico-religieux».  Au diable le principe d’une supposée consultation démocratique et de l’expression majoritaire ! La manipulation politique est dans ce cas évidente, qui vide la démocratie de tout son contenu, en fait un vecteur de haine, un catalyseur de bêtise humaine, de médiocrité.

De ce point de vue, la droite populiste Suisse peut se réjouir, elle vient de réaliser un beau coup, de mener une belle opération d’exploitation de la peur des petites gens, par ces temps de vaches maigres. En France, Jean- Marie Le Pen, président du Front National, s’est d’ailleurs empressé de saluer l’initiative. Du pain béni pour son parti dans le contexte électoral des régionales, au moment où Nicolas Sarkozy lui dispute âprement son électorat.

Le discours de l’UDC, parti Suisse chef d’orchestre de cette consultation, est sournois. Il ne s’agit pas de priver les musulmans de lieux de culte, a-t-on dit, mais seulement de refuser les minarets comme « symbole apparent d'une revendication politico-religieuse du pouvoir, qui remet en cause les droits fondamentaux ». Un tour de passe-passe diabolique en fait, pour fabriquer de toute pièce un ennemi, provoquer le repli et le rejet de l’étranger. Tout comme la campagne de stigmatisation des français frontaliers qui viendraient « prendre leur travail aux Suisses ».

Ce triste épisode du référendum sur les minarets qui entache désormais la Constitution Suisse, confirme la montée en puissance, dans ce pays, d’un courant raciste et xénophobe. Les voix qui s’élèvent pour déplorer et dénoncer ce tournant inquiétant ont à l’évidence grandement sous-estimé le danger. Il revient à la Suisse progressiste de se ressaisir vite pour faire front commun et stopper ce qui ressemble à un enlisement progressive dans la boue de la xénophobie et du racisme.
Quelque chose ne tourne pas rond au pays des horloges.