Alger: au Salon du livre, le goût amer de la censure et l’empreinte d'une chasse aux sorcières
Alger la Blanche fête le livre, le public accoure, mais l’ambiance est ternie par la pratique de la censure et le règne de l'arbitraire.
A quelques jours de l’événement, la ministre de la culture, Khalida Toumi, faisait déchirer les pages du dernier livre de Mohamed Benchicou « Journal d’un homme libre » avant même que l’encre ne coule à l’imprimerie. Assumant publiquement ses actes, elle invoquait « l’apologie des crimes coloniaux » et des propos « antisémites ». Diable !
La publication, sur le site matindz.net, des passages désignés, révèle cependant le caractère spécieux de ces arguments.
Indifférente à l’indignation suscitée par son oukase dans la presse et auprès des intellectuels, madame la ministre balaie le tout d’un revers et récidive. Voilà qu’elle vient de débarquer le directeur de la Bibliothèque national (BN), Amine Zaoui.
Ce dernier aurait gravement fauté en recevant en grande pompe, le poète Syrien Adonis. Dans une conférence devant une salle comble, l'artiste a fustigé les régimes arabes qui puisent la force de leurs dictatures dans l’exploitation de la religion.
De quoi alerter les « vigiles », gardiens de la pensée unique bridée et la décision tomba aussitôt de couper une tête.
Par ailleurs et sans surprise, les ouvrages des écrivains Boualem Sansal, «Le village de l'Allemand », et de Salim Bachi «Tuez les tous» sont frappés d’interdiction sur les rayons du Salon du Livre. Selon le quotidien Le Soir d'Algérie, dans son édition du 29 octobre, le comité d'organisation du Salon aurait même pris la décision de rayer des listes J M Leclezio, prix Nobel 2008 de litterature.
La 13ème édition du Salon internationale du livre d’Alger a ainsi le goût amer de la censure et porte l’empreinte d’une campagne de chasse aux sorcières.