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Algérie : le feuilleton de la régression suit son cours

Sans surprise, la révision de la Constitution algérienne est donc passée comme une lettre à la poste. Les Parlementaires se sont couchés comme un seul homme, à l’exception de ceux du RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie, centre gauche), lesquels ont voté contre. Leur leader, Said Sadi, qualifiant ce vote de « coup d'Etat déguisé ».
Les pouvoirs du président se trouvent désormais considérablement renforcés et la voie est ouverte à Abdelaziz Bouteflika pour un troisième mandat. La suite du feuilleton est facile à deviner.

Sauf retournement de dernière minute, le président Bouteflika va à coup sûr annoncer officiellement sa candidature. Les partis de « l’alliance présidentielle » vont alors aussitôt fabriquer et faire entendre un tonnerre de satisfaction. Les motions de soutien vont fuser de toute part. Des inconditionnels et autres brailleurs de circonstance vont tresser des lauriers au président sortant. Les caméras de la télévision publique vont arroser les foyers d’images offrant à voir des scènes de liesse d’un peuple comblé et qui ne peut plus retenir sa joie. Les courtisans vont se bousculer autour des sphères dirigeantes, les tractations vont aller bon train en prévision de la distribution générale de biscuits pour services rendus.

Sauf retournement de dernière minute, Bouteflika mènera le semblant de campagne que lui permettra son état de santé. Mais la clientèle ne manque pas, qui se chargera de porter sa bonne parole à travers le pays. Tandis que s’emballera la machine électorale sous l’œil avisé du ministre de l’Intérieur, compagnon fidèle du chef de l’Etat. Ce dernier se répandra probablement en promesses de « transparence » autour d’un scrutin « historique» qui consacre «la souveraineté populaire», préserve « le choix du peuple » et même « l’alternance », reprenant en boucle les mots osés par Bouteflika pour justifier la suppression de la limitation des mandats.

Sauf retournement de dernière minute, au moment venu, le même ministre de l’Intérieur balaiera d’un revers tous les soupçons de fraude qui pourtant battra son plein comme à chacune des échéances électorales. Et si observateurs internationaux il y aura, ils n'y verront évidemment que du feu, tant la manipulation des chiffres est parfaitement rodée en Algérie. Sans doute annoncera-t-on un score « à la Soviétique » dans les 70%, preuve incontestable que le peuple algérien opte pour la « stabilité » et que Abdelaziz Bouteflika en est le seul et unique garant. Les chefs d’Etat occidentaux l’arroseront de félicitations, convaincus que l’Algérie est ainsi bel et bien à sa place, dans le camp des pays arabes à la démocratie confisquée.

Sauf retournement de dernière minute enfin, Bouteflika pourra alors savourer la fierté de se maintenir à tout prix à la tête d’un pays qui recule. Et si le ras-le-bol, de la jeunesse surtout, ne conduit pas à une explosion populaire comparable à celle d’octobre 1988, le feuilleton de la régression suivra son cours en Algérie.

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