Climat : les pays en développement protestent contre le projet d'accord danois
Les pays en voie de développement ont mis en garde mercredi contre la mise au rebut du Protocole de Kyoto et ont protesté contre une tentative danoise de le remplacer par un texte de compromis sans consulter les parties à la Conférence de l'ONU sur le changement climatique, qui se déroule à Copenhague.
"Nous avons vu que les pays développés signataires du Protocole de Kyoto cherchaient à supprimer le protocole qui fixe les objectifs de réduction des émissions contraignants pour les pays industrialisés", a indiqué Nafie Ali Nafie, chef de la délégation soudanaise, au nom du groupe 77 plus la Chine.
Les pays développés tentent d'ébranler le principe de la "responsabilité commune mais différenciée" en abandonnant le Protocole de Kyoto, a dénoncé M. Nafie.Lui et les représentants de l'alliance des petits pays insulaires aux négociations ont souligné la nécessité de maintenir le processus de négociation à deux voies dont le Protocole de Kyoto est un instrument essentiel.
Le mécanisme de négociation à deux voies fait référence aux deux groupes de travail de la conférence, l'un chargé de modifier le Protocole de Kyoto et l'autre chargé d'élaborer une action de coopération à long terme.
Ce mécanisme a été établi dans le Plan d'action de Bali de 2007, selon lequel les pays développés devront rattraper leurs objectifs de réduction des émissions pour la deuxième période du protocole après l'expiration de la première période en 2012 et discuter de la façon d'aider les pays en voie de développement dans leurs efforts d'adaptation et d'allègement.
Le Premier ministre éthiopien Males Zenawi a indiqué au nom des pays africains que le financement consacré à l'adaptation et à l'allègement devra atteindre 100 milliards de dollars par an d'ici 2020.
Selon lui, le financement devra commencer d'ici 2013 et atteindre 50 milliards de dollars par an en 2015, avec les fonds attribués à l'adaptation des pays et régions vulnérables et pauvres, tels que l'Afrique et les petits pays insulaires.
A court terme, a poursuivi M. Zenawi, un fonds de démarrage de 10 milliards de dollars par an pour la période entre 2010 et 2012 devra s'établir pour répondre aux besoins d'urgence en matière d'adaptation et d'allègement, et 40% devra être affecté à l'Afrique.
Juste avant le début des négociations de haut niveau, la Chine et un certain nombre de pays en voie de développement ont protesté contre le projet d'accord que la présidence danoise a présenté sans consulter les autres parties à la conférence.
"C'est un processus conduit par les parties. Vous ne pouvez pas présenter des textes comme ça comme s'ils étaient tombés du ciel", a souligné le principal négociateur chinois, Su Wei, à la session matinale de la conférence après une annonce de la présidence danoise sur le projet d'accord.
Il a été convenu que la seule base légitime des discussions sur le résultat des négociations de Copenhague sera le résultat du travail effectué par les deux principaux groupes de travail de la conférence, a indiqué M. Su.
La présidence danoise a préparé les textes "pour offrir un outil permettant de faciliter le processus de prise de décision" alors qu'un certain nombre de questions importantes ont encore besoin d'être résolues, a-t-il poursuivi.
"Mais finalement c'est aux parties et aux gouvernements qui sont représentés ici de décider de ce qu'ils souhaitent utiliser comme base pour leur travail", a-t-il souligné.
L'Inde, le Brésil ainsi que d'autres pays en voie de développement ont également dénoncé la façon d'exercer la présidence.
De nombreux pays demandent qu'un traité climatique juridiquement contraignant soit atteint à Copenhague, mais des divisions entre les pays développés et ceux en voie de développement subsistent, notamment sur la réduction des émissions et les financements, mettant en péril la chance de parvenir à un accord.
Les chefs d'Etat arrivent à Copenhague pour soutenir les efforts visant à atteindre un accord alors que la conférence s'achève en fin de semaine.