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Crise en Guadeloupe : la décolonisation inachevée de la France d’Outre-mer

Dangereusement décalé et dans une stupéfiante cacophonie, tel est le traitement de la crise en Guadeloupe par le gouvernement Français. Il a fallu que la colère se manifeste dans la rue pour que Yves Jégo, secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, débarque enfin sur l’île, avant de revenir dare-dare sur le continent pour en référer à Matignon. C’est à se demander à quoi a servi jusque-là la fonction dont il est investi.

François Fillon, Premier ministre, espérait, lui, obtenir le calme en échange de mesurettes à caractère social, dont l’avancée de l’entrée en vigueur du RSA (revenu de solidarité active) initialement prévue pour 2011. C’était vouloir aller vite en besogne, car le malaise est autrement plus profond, qui nécessite plus qu’une politique de replâtrage.

Le Collectif contre l’exploitation (LKP), qui porte bien son nom, met en avant une revendication choc : 200 euros d’augmentation sur les bas salaires. Elle traduit à elle seule la scandaleuse répartition inégale des richesses entre les descendants des colons, aujourd’hui à la tête des entreprises, et le reste de la population. Libres d’agir comme bon leur semble au plan commercial, les patrons blancs s’empiffrent de marges.

Sans surprise, renvoyés dos à dos, ces "partenaires sociaux" n’ont pas abouti. Et pour cause! Convaincu qu’il est auréolé d’une hégémonie historique, le patronat, le gros surtout, tient la dragée haute. Il table en réalité sur le pourrissement de la situation et compte sur la répression pour "rétablir l’ordre".

Yve Jégo et son Premier ministre découvrent bêtement cette réalité. Il n’ont plus qu’à dépêcher des contingents de gendarmes pour venir à bout des "casseurs", lever les barrages et "faire redémarrer l’économie de l’île". L’événement regagne la rubrique des faits divers et fait la une du 20h. 

En fait, il n’y a pas de mystère, le fonctionnement de la société guadeloupéenne est resté coincé dans un schéma colonial. Un contexte d’une autre époque dont souffrent depuis longtemps les descendants d’esclaves, mais qui éclate seulement maintenant au grand jour. Les chiffres du chômage, trois fois plus élevés que la moyenne européenne, sont éloquents, qui disent la mal-vie dans les départements d’Outre-mer de façon générale.

Sauf à prendre le risque de laisser flamber les îles et voir le feu s’étendre à la « métropole », dans un contexte social déjà très tendu, Nicolas Sarokosy a intérêt à donner au traitement de la crise une importance à la hauteur des enjeux. Il se doit d’apporter, et au plus vite, une réponse différente de celle que ses prédécesseurs ont constamment reconduit sur le seul terrain social, comme pour adoucir la misère au soleil.

En l’an 2009, le chef de l’Etat français hérite du dossier de la décolonisation inachevée de la France d’Outre-mer.

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