Crise financière, famine et pauvreté croissantes... Le monde marche sur la tête.
Cruel paradoxe, au moment où des cascades de dollars sont déversées pour réanimer le système financier américain en pleine déconfiture, plus de 75 millions de femmes, d’enfants et d’hommes basculent sous le seuil de la pauvreté.
Tandis que les banques, en Amérique et à travers le reste du monde, se préparent à comptabiliser des chiffres absurdes de monnaie partie en fumée, que les magnats de la finance s’engraissent de profits et que les spéculateurs règnent en maîtres sur tous les circuits, la statistique de la pauvreté dresse le triste et révoltant tableau de la famine sans cesse croissante.
Pas moins de 923 millions d’être humains continuent à souffrir de la faim. La hausse des prix des denrées alimentaires, des engrais et des carburants a inversé la tendance impulsée par l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). « La faim a augmenté alors que le monde s'est enrichi et a produit plus de nourriture que jamais au cours de la dernière décennie », constate, impuissant, le sous-Directeur général de l’institution, responsable du département économique et social.
La réduction de moitié de la proportion de personnes souffrant de la faim dans le monde d'ici à 2015, devient un objectif inaccessible. Une faible proportion des masses financières qui flottent d’une bulle à l’autre suffirait pourtant à sortir de la mouise des centaines de millions de miséreux, à multiplier le nombre de projets d’aide réalisés par les ONG, à décupler les moyens de celles qui travaillent à briser le cercle vicieux du sous-développement dans plus d’une centaine de pays.
Rengaine que cet appel, de plus en plus répandu, pour un nouvel équilibre ? Peut-être, mais peu importe. On ne dira jamais assez combien l’attitude imbécile des pays riches met en péril la paix.
La preuve est faite, encore une fois, de la fragilité de ces systèmes économiques nourris de la seule doctrine du libéralisme. Mais pas seulement. La preuve est faite aussi que la planète entière est minée par les inégalités de développement que ces même systèmes engendrent et entretiennent. Ajouté au désordre climatique, c’est là un mélange détonnant dans un monde qui marche sur la tête.