France : des basses œuvres pour rassurer les Dupont-la-joie
Pas moins de 500 CRS débarqués à l’heure du laitier pour des arrestations en masse, suivis de bulldozers et de pelleteuses… la « jungle », campement de fortune occupé par des migrants au nord de la ville de Calais, à la frontière franco-anglaise, a été «démantelée» mardi matin. Face à l’armada de policiers, de pauvres hères regroupés derrière des banderoles qui disent la résignation dans le désespoir. Phrase choc: “nous avons besoin d’un abri et de protection. Nous voulons l’asile et la paix. La jungle est notre maison”. Pas de quoi émouvoir préfet et ministre, venus bomber le torse à la tête cette opération de ratissage. Le premier salue ce qui est à ses yeux une action salutaire d’assainissement, le second pérore en continue sur les ondes, affirmant avec fierté qu’il mène ainsi une lutte efficace contre les passeurs. Propos et attitudes tout bonnement insensés.
Nul ne doute en effet, à commencer par le ministre, que d’autres campements pousseront comme des champignons et que si véritable lutte il y a à mener contre les réseaux de passeurs, elle passe avant tout par des politiques de coopération et des actions coordonnées, en amont, avec les pays africains.
Les pays européens qui s’obstinent à dresser des forteresses plutôt que de promouvoir des politiques intelligentes d’asile font tragiquement fausse route. Ils mènent une guerre perdue contre les hordes de contrebandiers, dont les migrants sont les premières victimes. Multiplient les coups d’épée dans l’eau face à la complexité du phénomène de l’immigration clandestine, dont les drames quotidiens interpellent les consciences.
A l’image de l’Italie qui refoule les clandestins vers les camps libyens de concert avec le sinistre Kaddafi, la France opte ainsi pour le tout répressif, la traque, la rétention et les expulsions. Peu importe le cri d’alerte des associations, l’errance programmée des migrants, leur abandon sans assistance aucune. Mais il faut croire qu’il y a plus important et plus urgent : à l’approche des élections régionales, rassurer tous les Dupont-la-joie. Ce sont là les basses œuvres d’Eric Besson, transfuge socialiste transformé en ministre discipliné, aveuglément dévoué à Nicolas Sarkozy.