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France : l’explosion de la délinquance dans les cités «difficiles» n’est pas une fatalité

« La Courneuve est un supermarché de la drogue ». Ces propos de Michelle Alliot-Marie, ministre française de l’Intérieur, suite à des tirs à la Kalachnikov sur des policiers dans la cité des « Quatre-Mille », ont déclenché la colère du maire communiste de Seine Saint-Denis (banlieue parisienne), Gilles Poux. Estimant que ce sont là des propos «irresponsables» qui encouragent «la discrimination», l’élu demande que soient présentées «des excuses».

Le constat est trop facile en effet de la part de Madame la ministre, qui se permet ainsi de diaboliser toute une zone d’habitation, de noircir encore un peu plus l’image de la banlieue. Tout comme, en 2005, la menace, pour le moins insultante, de «nettoyage au Karcher» brandie par Nicolas Sarkozy qui occupait alors le même poste, l’expression d’Alliot-Marie est une dérobade, sur fond de mépris et de stigmatisation des familles qui résident dans ces labyrinthes de béton.

Disons-le tout net : au fil des décennies et depuis trois générations d’immigrés, les gouvernements français se sont montrés incapables de briser ces ghettos, d’inverser le processus de marginalisation sociale de ces populations aux portes des grandes villes. Fadéla Amara, Secrétaire d’Etat en charge du secteur, qui doit grappiller des moyens auprès des autres ministres pour monter ses programmes, en sait sûrement quelque chose.

Et tout compte fait, si «supermarché de la drogue» il y a aujourd’hui dans certaines cités, il sert, entre autres, à la consommation des «bobos» et des milieux huppés de la capitale, notamment, dans une France à plusieurs vitesses où l’on est contraint de porter son lieu de naissance comme un lourd fardeau, de vivre son statut de Français d'origine étrangère comme un handicap, son teint et sa couleur de peau comme un risque permanent de discrimination à l'embauche, au logement...

L’apparition «d’armes lourdes» dans les cités, tout comme par ailleurs l’émergence et l’installation sournoise de l’intégrisme islamiste dans certains quartiers est le résultat d’un abandon des populations qui y habitent à leur triste sort, dans des espaces urbains socialement pourris, favorables à l’éclosion du banditisme et à toutes les dérives.

L’explosion de la délinquance, petite ou grande, à la Seine Saint-Denis ou ailleurs n’est pas une fatalité. C’est le résultat des échecs des politiques successives dites «de la Ville». La mauvaise conscience de la classe politique française.

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