France : quand le parti socialiste (PS) joue son quitte ou double
Crise de génération, guerre des chefs, confrontation de courants, désarroi, incompréhension et colère de la base militante, perte de confiance et de crédibilité dans l’opinion… Les soubresauts qui agitent le parti socialiste en France, depuis l’élection présidentielle de 2007, sont spectaculaires et défraient régulièrement la chronique. Réunis ce week-end pour leur traditionnelle université d’été à La Rochelle, les militants ont sans doute plus que jamais du pain sur la planche. Il leur faut créer les conditions pour recoller les morceaux et se mettre en ordre de bataille en vue de deux objectifs à brèves échéance: éviter la bérézina aux élections régionales, se positionner en tête de la gauche à la conquête des présidentielles. Vu la conjoncture, ce n’est pas une promenade de santé.
Il faut en effet désormais compter avec le mot d’ordre de « primaires ouvertes à toute la gauche et aux démocrates ». La piste est séduisante. Elle peut déclencher une dynamique de résistance à Nicolas Sarkaozy, à l’unité sans faille de son mouvement et aux contours populistes de son discours. Martine Aubry, Première secrétaire, en admet certes le principe, mais le chemin est encore long et semé d’embûches pour y parvenir. Le PS y joue gros, risquant tout bonnement son effacement en tant que parti au profit du MoDem de François Bayrou en embuscade, et des écologistes qui pénètrent comme par effraction sur le terrain de la gauche.
Outre la gestion embarrassante des « primaires », le PS se doit aussi d’amortir les vagues soulevées par la confrontation entre générations. L’impatience des uns fait désordre et favorise la dispersion. L’immobilisme des autres empoisonne le climat, suscite la méfiance et encourage le clanisme. Martine Aubry a la difficile mission de trouver un équilibre interne de plus en plus indispensable pour reconstituer une image de cohérence aux yeux des Français.
Intégrer la démarche des « primaires » et apaiser les frictions entre générations ne règlera pas tout cependant. Ces aspects, certes importants, mettent dangereusement au second plan la question de fond, de loin la plus décisive. Le PS n’a plus de projet politique construit et convaincant. Le balancier s’est affolé de gauche à droite et les repères ont été faussés. Nombre de militants baignent dans la confusion, affrontent un épais brouillard, regardent avec envie plus à gauche ou vers le MoDem, même s’ils n’osent pas toujours faire le pas. La formation présente parfois l’image d’une organisation en pleine déliquescence, d’un bateau ivre dont le commandement est occupé à se regarder le nombril plutôt que la boussole.
Une chose est sûre, de la Rochelle 2009 aux présidentielles de 2012 : le parti de la rose traversera une phase périlleuse, jouant tout simplement son quitte ou double.