Israël intensifie ses frappes avant de céder à la pression internationale pour un cessez-le-feu
Le président égyptien Hosni MOubarak a proposé mardi un plan de sortie de crise après un sommet avec le président français Nicolas Sarkozy à Charm el-Cheikh. Le plan egyptien prévoit: un cessez-le-feu immédiat pour une période limitée, permettant l'ouverture de couloirs humanitaires sûrs et laissant le temps d'oeuvrer pour un cessez-le-feu "global et définitif". Il appelle à des négociations israélo-palestiniennes en présence de représentants de l'Union européenne et "dautres parties" afin de parvenir à des "engagements et des garanties".
Ces garanties devraient concerner "la sécurisation des frontières", "l'ouverture de points de passages frontaliers et la levée du blocus sur Gaza". Cette proposition, appuyée par les Nations Unies et les Etats-Unis, et aussitôt soutenue par le président palestinien Mahmoud Abbas, semble laisser enfin penser que la diplomatie à gagner du terrain et que les armes pourraient se taire à brève échéance.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a accueilli favorablement cette initiative. La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, qui apportait son soutien à l'initiative lors de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU mardi, a toutefois ajouté que toute proposition de paix "doit être une solution qui ne permette pas le réarmement du Hamas".
Mercredi, Israël a déclaré que les négociations avec l'Egypte étaient en cours en ce qui concerne un éventuel cessez-le-feu dans la bande de Gaza. "Nous saluons l'initiative franco-égyptienne. Nous souhaitons qu'elle réussisse. Les négociations continuent sur la base de cette initiative", a dit le porte-parole du Premier ministre israélien Mark Regev.
Les Israéliens émettent toutefois quelques réserves. "Nous cesserons le feu à deux conditions: la première est la fin du trafic d'armes depuis le Sinaï (Egypte) vers Gaza, et la seconde est la cessation de toutes les activités terroristes, pas seulement les tirs de roquettes", a déclaré mardi le Premier ministre israélien, Ehud Olmert. Israël a également demandé un passage frontalier international avec Gaza et la fin des livraisons d'armes au Hamas à travers des tunnels le long de la frontière avec l'Egypte.
Le Hamas quant à lui ne se montre pas indifférent à l'initiative égyptienne. Une délégation conduite par un haut responsable du mouvement, Emad al-Alami, est arrivée en Egypte lundi pour des discussions avec les autorités égyptiennes, et ce pour la première fois depuis le début de l'offensive israélienne à Gaza.
Selon les analystes, eu égard à l’expérience du cessez-le-feu de six mois proposé par l'Egypte entre le Hamas et Israël, qui a expiré le 19 décembre, il n'est pas impossible que le Hamas accepte de mettre un terme aux tirs de roquettes sur le territoire israélien.
Pour l’Egypte, il ne s’agirait pas en effet d’un retour au statu quo d’avant la crise, dans la mesure où l’accord de trêve comporterait garanties et mécanismes d’observations non prévus auparavant. Le concept de l’initiative est le même que précédemment , sans opération israélienne ni tirs palestiniens de roquettes, mais « il faut désormais un accord clair avec engagement, garanties et contrôle », explique-t-on dans le milieu diplomatique.
En fait, c'est la question de la levée du blocus qui reste centrale, dans tous les cas de figure. En échange de l'arrêt des tirs de roquettes, le Hamas demanderait à Israël et à l'Egypte de rouvrir les points de passage qui permettraient la reprise de la vie économique à Gaza.
Tout compte fait, il y a bel et bien des avancées au plan diplomatique. On est sûrement pas loin d'un cessez-le-feu. Chacune des parties semble poursuivre un dernier objectif avant d'en accepter les conditions. Le Hamas tente de conforter sa position auprès des gazaouis, de se montrer en quelque sorte la hauteur de sa popularité. Israël cherche à gagner du temps pour frapper encore plus fort en espérant affaiblir au maximum le Hamas avant de céder à la pression internationale.