L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en appel
Malgré la très forte réduction opérée par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole mercredi à Oran, les prix du baril de pétrole brut sont restés stables entre 40 et 50 dollars le baril. Le marché ayant ignoré une décision pourtant historique puisque c'est la première fois qu'une réduction de cette ampleur est arrêtée par l'Opep.
En décidant d'enlever 2,2 millions de barils par jour, l'Opep a cru surprendre le marché. Mais ce dernier marqué par une déprime a ignoré l'événement et il s'est surtout concentré sur les mauvaises nouvelles pour la demande mondiale en pétrole qui est revue à la baisse régulièrement depuis trois mois environ.
L'Opep a décidé de réduire son plafond de production de 4,2 millions de barils par jour depuis le mois de septembre. En octobre l'offre avait été réduite de 520 000 barils par jour.Le 24 octobre dernier, l’Organisation enlevait 1,5 millions de barils par jour du marché. Au total, l’offre sera réduite de 4,2 millions de barils par jour à partir du 1er janvier 2009. Les efforts fournis par l'Organisation n'ont pas empêché les prix de perdre environ 90 dollars par baril depuis le mois de juillet dernier.
En réalité l'économie mondiale fait face à une récession très grave, la plus grave depuis la dépression des années 1930. Et les prix constatés durant l'année 2008 sont le fruit d'une spéculation historique.
La chute a été à la mesure de la folie qui s'était emparé des marchés portés par des mouvements fictifs de hausse. Le réveil a été brutal quand la bulle a éclaté. Et la demande en pétrole s'en ressent inévitablement. Cette demande risque de se contracter pour la première fois depuis 25 ans selon les estimations des institutions internationales.
A défaut de faire remonter les cours, l’Opep peut espérer les empêcher de chuter encore avant la reprise qui lui permettra de viser le prix de 75 dollars le baril.
Les pays de l'Opep dont les revenus dépendent en grande partie de la manne pétrolière vivent une situation dramatique, même si les pertes en 2008 sont relatives. C'est durant l'année 2009 qu'ils risquent de vivre des situations difficiles pour leur budget.
La baisse des recettes pétrolières affectera les transferts sociaux. Les plans de développement qui ont été programmés au moment de l'euphorie de là hausse des prix risquent d'être gelés et des projets annulés.
Pour l'industrie pétrolière, la situation n'est pas bonne non plus. Puisqu'avec un prix bas du pétrole, les investissements pour de nouveaux projets vont être revus à la baisse.
Pour les pays consommateurs enfin, si la baisse des prix actuellement peut être d'un grand secours afin de ne pas aggraver les choses et essayer de relancer la machine, il reste qu'ils connaitront des problèmes à moyen terme lorsque la croissance reprendra.
Par manque d'investissements dans l'industrie pétrolière, cette dernière risque de ne pas pouvoir répondre à la future demande et les prix du baril pourront connaître de nouveaux sommets qui engendreront de nouvelles crises.