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L’abstention aux européennes en France : formidable levier ou sables mouvants?

Passé le cap du scrutin européen, le paysage politique français s’anime sous le signe de nouveaux rapports de force. L’heure est aux bilans et aux ajustements stratégiques. Groggy pour avoir plongé sous la barre des 20%, le Parti socialiste tente de retrouver ses marques, dans une ambiance de règlements de comptes. Rassurée, l’UMP, formation de la majorité présidentielle, s’en remet plus que jamais, et en rangs serrés, à Nicolas Sarkozy, acclamé comme grand timonier d’une droite européenne qui a le vent en poupe. Grisés par leur bond à hauteur de 16,28%, les écologistes se creusent la tête pour en tirer profit face à de prochaines échéances nationales, tout en laissant libre court aux élucubrations du député européen Daniel Cohn-Bendit, leader du mouvement, visiblement heureux d’endosser un nouvel habit d’agitateur.

Choqué d’avoir bu la tasse, alors qu’il croyait créer l’évènement, le MoDem de François Bayrou se trouve subitement face à une urgence : éviter la désintégration. Le front de gauche (alliance du PCF et de transfuges d’autres partis de gauche) est sûrement satisfait d’avoir limité les dégâts. Le Nouveau parti anticapitaliste d’Olivier Besancenot, qui n’a pas franchi la barre des 5% et n’obtient pas de sièges, mesure probablement combien il lui est difficile de se frayer un chemin devant un tel embouteillage à gauche.

Quoique confrontées à des situations différentes, les formations ont sans doute fait un même constat : les résultats étaient en fait étroitement fonction de la capacité à s’adapter à l’abstention record largement annoncée par les sondages. Sans surprise, tout s’est en effet joué dans un mouchoir de poche avec un électorat réduit aux couches supérieures des classes moyennes et aux fractions les plus « politisés » des 25-39 ans.  En somme, des électeurs plutôt sensibles aux préoccupations d’ordre écologique.

Les listes menées par Cohn-Bendit n’ont donc pas eu de mal à rassembler en grappillant sans peine dans le camp du MoDem et du PS. Cerises sur le gâteau: le film « Home » de Yann-Arthus Bertrand et l’incident avec Bayrou, lors d'une émission de télé. L’UMP n’a pas eu de mal non plus à jouer cette partie serrée. Il lui suffisait de rameuter les électeurs fidèles face à l’offensive anti-Sarkozy menée tambours battants par le patron du MoDem. Le PS et les autres formations de gauche n’ont évidement pas trouvé suffisamment d’audience avec les discours et les mots d’ordre habituels sur l’Europe sociale. Il n’y a avait pas là de quoi mobiliser la petite masse de « bobos » disposée à se rendre aux urnes.

Tout compte fait, l’abstention record enregistrée partout en Europe a ainsi été en France un formidable levier pour les uns, et de redoutables sables mouvants pour les autres.
 

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