Le discours du Caire d'Obama, un message d'apaisement qui rompt avec une vision manichéenne du monde
Venu recoller les morceaux d’une diplomatie américaine en débris dans le monde arabe et musulman, Barack Obama a fait mouche avec son discours de jeudi au Caire. En affirmant que le "cycle de la méfiance et de la discorde devait s'achever" et que "l'Amérique et l'islam ne s'excluent pas", il a sûrement convaincu de sa volonté d’amorcer un « nouveau départ » dans les relations des Etats-Unis avec les musulmans, y compris en Iran, pièce maîtresse dans le retour diplomatique des américains dans la région. Les pays arabes alliés traditionnels des Etats-Unis sont rassurés.
Reste la question essentielle du conflit palestinien. Sur ce chapitre également Obama a confirmé sa volonté d’amorcer un tournant dans la position habituelle de son pays à l’égard de l’Etat hébreu. Il s’est encore une fois prononcé pour la création d’un Etat palestinien et l’arrêt des colonisations. Un pas en avant sans doute, mais un petit pas seulement, car le président américain est bien loin du compte aux yeux des palestiniens. Et plus particulièrement des populations qui vivent dans l’enfer du blocus imposé à Gaza. De celles qui ont été spoliées de leur terres, générations de réfugiés qui peuplent les camps dans l’espoir d’un retour hypothétique.
Barack Obama s’en est ainsi tenu au minimum pour ne pas froisser l’Etat hébreu, respecter le "lien inébranlable" entre les Etats-Unis et Israël. Sans doute inscrit-il sa position dans la durée de son mandat pour ramener la droite et l’extrême droite au pouvoir sur le chemin des négociations pour une paix juste. Mais les puissants lobby américains, soutien inconditionnel d’Israël l’attendent tranquillement au tournant. L’arrogance des premières réactions de la droite Israélienne au volet palestinien de son discours est un signe qui ne trompe pas.
Au bout du compte, une chose au moins est sûre, le « jeune » et fringant président américain a surtout trouvé les mots pour exprimer son intention de tourner la page, de rompre avec l’ère Bush, qui a anéanti un pays, l’Irak, lamentablement échoué dans la lutte contre le terrorisme et cumulé les bévues sur le terrain diplomatique.
Le discours du Caire est surtout un message d’apaisement qui rompt avec une vision bêtement manichéenne du monde.