Le souffle papal sur la Terre Sainte a laissé des traces d’amertume en Israël.
En Israël, le discours de Benoît XVI sur l'Holocauste n’a pas été à la hauteur des attentes. Il a été jugé plutôt «froid», notamment après la réintégration potentielle par le Vatican de quatre évêques intégristes dont Mgr Richard Williamson, un prélat britannique négationniste. Mais c'est surtout les propos sur le sort fait aux Palestiniens qui ont suscité malaise et embarras. Le pape a été trop "politique" aux yeux des Israéliens.
Benoît XVI, reproche-t-on, ne s’est pas excusé en tant qu'Allemand et catholique pour l'extermination des juifs durant la seconde guerre mondiale. Il s’est cependant efforcé de corriger cette impression. "C'est là que tant de juifs (...) ont été exterminés brutalement par un régime sans Dieu qui a propagé une idéologie d'antisémitisme et de haine. Ce chapitre épouvantable de l'histoire ne doit jamais être oublié ou nié", a-t-il déclaré à l'aéroport, avant de rejoindre Rome.
Mais plus que l’évocation de ces épisodes abominables, c’est le discours papal sur la situation politique qui a froissé et mis mal à l’aise les autorités israéliennes. Benoît XVI n’a pas manqué de critiquer la construction du mur de séparation qu’il a été contraint de franchir pour se rendre en Cisjordanie. Il a eu des mots pour la «souffrance» des Palestiniens et s’est surtout ouvertement prononcé pour la création d’un Etat Palestinien.
Bien sûr, ces propos du pape ne changeront pas le cours des choses au Proche-Orient. Ils n’en constituent pas moins une pression politique plutôt gênante pour Netanyahu et son ministre des Affaires étrangères d’extrême droite qui s’emploient à brouiller les pistes vers une relance des négociations de paix.
L’Etat Hébreu tergiverse en effet en exploitant toutes les situations pour éloigner autant que possible cette perspective : les divisions palestiniennes, le peu d’empressement des Américains pour la relance du processus, la voix éteinte de l’Europe en période électorale.
De conditions que Nétanyahu espère bien mettre à profit pour repousser aux calendes grecques le principe même de la création d’un Etat Palestinien et faire admettre la proposition fumeuse du développement économique préalable des Territoires. Entre temps, la colonisation se poursuit en Cisjordanie et le blocus continue à plomber Gaza et sa population.