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Le vote des Algériens résidant à l’étranger : une participation plus que jamais incertaine

Boycott ! Le mot a été lâché, scandé jeudi 2 avril, à quelques jours de l’ouverture des urnes, par des milliers de manifestants dans les rues de Tizi-Ouzou et de Béjaïa, deux grandes villes de la Kabylie. C’est l’évènement "parasite" de la campagne tranquille d’Abdelaziz Bouteflika, abondamment arrosée d’argent public, soutenue par une propagande déployée tout azimut, étouffant au passage la parole de ses concurrents.

Parce qu’ils se sentent floués, mis devant un fait accompli et dépouillés du libre choix, ces Algériens-là ont osé briser les tabous, braver les interdits, répondre à l’appel d’un parti d’opposition et crier haut et fort qu’ils ne veulent pas de cette élection gagnée d’avance par un candidat imposé au prix d’un tour de passe-passe constitutionnel qui lui permet de rempiler pour la troisième fois.

Mais combien sont-ils encore qui pensent silencieusement de même, estiment que voter ne sert à rien, ne changera pas leur condition. Ces jeunes chômeurs, de loin les plus nombreux, aux horizons bouchés, qui rêvent désespérément d’un autre monde, prêts à affronter tous les risques pour prendre le large ; ces salariés et retraités qui tirent le diable par la queue en regardant gonfler des fortunes indécentes sur les sentiers de la corruption, du trafic, dans les coins et recoins de l’économie de bazar ; ces familles rongées par la pauvreté, contraintes à la débrouille pour vivre au jour le jour et qui n’ont plus que les yeux pour pleurer face à la flambée des prix sur les étals… Combien sont-ils ces Algériens-là, qui, le jour venu, pourraient bien se garder d’aller mettre un bulletin dans l’urne, choisiront le boycott pour l’honneur en somme, seule façon de laver l’affront ?

A n’en point douter, c’est la question qui taraude les autorités. Il faudra sans doute que l’Administration fasse preuve d’une grande imagination pour livrer les chiffres d’une participation record, telle qu’exigée par Abdelaziz Bouteflika. On peut lui faire confiance, d’autant que la supposée Commission de surveillance des élections a déjà donné un avant-goût de la magouille en cours, à l’état très avancé.

Mais l’affaire se corse surtout pour le vote des Algériens résidants à l’étranger. Ceux-là ont été invités à juger sur pièce, au fil des images de la chaîne de TV satellitaire exhibant quelques grands chantiers ouverts grâce à la manne pétrolière. L’ambition est de renouveler le score record de participation réalisé lors de l’élection de Liamine Zéroual en 1995. Les autorités consulaires ont multiplié les relais d’opinion pour porter la bonne parole auprès de couches ciblées d’intellectuels, de chefs d’entreprises, d’étudiants. Ce qui reste des « chibanis » (vieux immigrés) étant facilement mobilisable par un discours démagogique parfaitement rodé.

Les cousins émigrés ont-ils été convaincus de voter Bouteflika, seul candidat qu’ils connaissent ? Rien n’est moins sûr. Ils sont certes de plus en plus nombreux à retourner au bled, mais ils ne se sentent pas pour autant concernés par la vie politique du pays. Dans leur grande majorité, les exilés des années 90 ont le cœur gros d’amertume devant l’obstination d’un pouvoir à vouloir se maintenir coûte que coûte. La population de «chibanis» a naturellement rétréci comme peau de chagrin. Quant aux Franco-algériens, les jeunes en particulier, susceptibles de voter, ils ont un regard suffisamment avisé sur le contexte électoral de leur pays d’origine pour comprendre que la Démocratie est passée à la trappe, dans le piège tendue d’une grosse supercherie.

Pour toutes ces raisons, il est fort probable que les Algériens résidants à l'étranger ne vont pas se précipiter sur les urnes.

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